François Boulo fut l'une des figures les plus charismatique du mouvement de Gilets jaunes. Ce livre est l'histoire de son «combat», depuis la sortie de ce qu'il nomme son « coma politique » jusqu'à ce qu'il enfile le gilet jaune par-dessus sa robe noire pour dessiner le monde d'après.
Le monde avait toujours été réglé comme une horloge. Il fallait travailler pour vivre, consommer pour se sentir heureux, et voter pour que rien ne change. Éternel recommencement d'une histoire sans fin dont nous étions tous prisonniers. Le Dieu argent dominait l'Homme et détruisait la nature. Les plaisirs éphémères avaient remplacé la quête d'un idéal fondé sur le bonheur et l'harmonie. Sans mémoire du passé et sans boussole pour l'avenir, nos vies étaient dépourvues de sens. Chacun le ressentait au plus profond de lui, mais s'appliquait à le nier pour ne pas sombrer. Le monde courait à sa perte, et nous étions là impuissants, hagards, à regarder cette chute inéluctable. Alors que la résignation semblait avoir conquis les coeurs et les esprits, nous voyions la flamme de l'espoir renaître quand les révoltes populaires éclataient aux quatre coins de la planète. Partout, les êtres humains criaient leur colère et leur désespoir. Partout, ils réclamaient la démocratie. La France n'échappait pas à cette vague. Elle en était même le précurseur avec le mouvement des gilets jaunes. L'espoir naissant laissait pourtant vite place à l'inquiétude. Dans la plupart des pays, les frondes finissaient étouffées par des pouvoirs plus autoritaires que jamais. N'était-ce que des sursauts sans lendemain ? Le chant du cygne des peuples ? C'est à ce moment qu'un virus emportant assez d'incertitudes sur son taux de mortalité et suffisamment de certitudes sur sa contagiosité vint, par surprise, nous rappeler combien nos vies étaient fragiles.
L'impéritie et l'aveuglement de nos dirigeants inaptes à gérer la moindre crise s'affichaient au grand jour. La mort gagnait du terrain. Nous n'avions plus le choix. Il fallait renoncer à toutes nos libertés pour s'enfermer chez soi. C'était bien la première fois que dans nos sociétés déshumanisées, nous nous rendions enfin compte que la vie n'a pas de prix. Le cycle infernal s'arrêtait brutalement pour une grande partie d'entre nous. Tout était plus calme, plus silencieux. Nous pouvions redonner de l'espace à notre voix intérieure. Hier, la vie n'était qu'agitation. Puis le temps s'est arrêté l'espace d'un instant, ouvrant l'espace à la réflexion. Penser le « monde d'après ». Horizon aussi enthousiasmant qu'angoissant. L'évidence est là : « il faudra faire bien mieux ! » Le doute aussi : « et si nous faisions pire ? ». Une seule certitude : si l'on ne veut pas reproduire les mêmes erreurs, encore faut-il s'assurer d'avoir bien compris le monde d'avant. C'est à cette condition qu'ensemble, nous pourrons faire du « monde d'après » ... un monde meilleur.
Il faut comprendre qu'à travers les notions d'économie, de fiscalité, de libre-échange, de monnaie, de dette ou de chômage, c'est un système dit néolibéral au profit des ultra-riches qui nous a mené là nous en sommes. Ces notions en apparence complexes sont en réalité accessibles à tous à condition de prendre le temps de les expliquer simplement. Comprendre les rouages de cette mécanique bien huilée est le préalable indispensable pour quiconque souhaite faire advenir un modèle de société non plus basé sur la consommation et l'individualisme, mais sur la coopération et le bonheur pour tous.
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