Le Pitch
Présentation de l'éditeur À Perpignan, l’automne est une saison tumultueuse. Le vent violent le dispute à la pluie diluvienne. Un temps à ne pas mettre un flic dehors. Pourtant un retraité pied-noir est retrouvé dans son appartement, assassiné d’une balle dans la tête… Le sigle OAS laissé près du cadavre, la destruction quelques jours plus tard d’une stèle controversée et la découverte d’un autre ancien Français d’Algérie abattu au volant de sa voiture sèment la panique dans la communauté. Le lieutenant Sebag, qui a par ailleurs promis à sa fille de faire toute la lumière sur l’accident mortel survenu à un de ses amis, est officiellement chargé de l’enquête. Flic réputé et intuitif, il va, en traquant le tueur avec son équipe, faire ressurgir du passé un mystérieux commando ayant sévi, il y a bien longtemps, du côté d’Alger. C’est dans ce contexte que les derniers mois de poudre et de sang de la guerre d’Algérie, ses horreurs, ses espoirs, ses trahisons et ses errances vont remonter à la surface jusqu’à la nausée… Cinquante ans plus tard, il est temps de régler l’addition… Extrait Son vieux pouce noueux déformé par les rhumatismes lui envoya une violente décharge électrique lorsqu'il tira sur le chien de son arme. Avec sa main libre, il rajusta ses lunettes sur son nez. En face de lui, la cible roulait des yeux effrayés. Sa main boursouflée se referma sur la culasse. Il avait eu raison de s'attaquer au maillon faible du groupe. La peur rendait bavard. Il savait tout, maintenant. Les salopards allaient payer. Les uns après les autres. Il posa avec peine son index tordu sur la détente. La cible s'agitait désespérément sur sa chaise malgré les menottes qui lui maintenaient les bras derrière le dossier. Elle aurait voulu crier, hurler ou pleurer mais le bâillon qui déchirait sa bouche ne lui autorisait qu'une émission pénible de borborygmes inutiles. Il ne comprenait pas cette veine agitation. Quand l'heure était venue, il fallait savoir se résigner. Il y avait deux hommes dans cet appartement fermé à clé. L'un était attaché, l'autre tenait un Beretta 34. Il n'y aurait pas d'échappatoire, pas de fin heureuse, pas de rebondissement de dernière minute. On n'était pas au cinéma mais dans la vie. La vraie, la dure, l'impitoyable. El-Mektoub... Le destin allait frapper. Il trouvait le vieux, en face de lui, pathétique et laid. La peur déformait ses traits encore plus sûrement que les ans. II peinait à le reconnaître. Les souvenirs affluaient comme des vagues. Autrefois, c'était hier. Les années pouvaient être des passerelles, des murs ou simplement des parenthèses. Il n'avait rien oublié. Rien. La brûlure aveuglante du soleil sur la peau et dans les yeux au sortir d'une ruelle encore fraîche. Le bleu, du bleu partout, la mer et le ciel. Le bruit des vagues, le souffle des bateaux, les parfums mêlés d'anis, d'iode et d'épices. Des éclats de voix, les rires de l'insouciance, une joie de vivre sans pareille. Il ne devait pas se laisser envahir par la nostalgie. Il le savait. Elle était plus forte que lui. Il avait réussi à l'oublier pendant plusieurs décennies avant qu'elle ne revienne s'emparer de son coeur et de son esprit. Il s'efforça de penser aux derniers mois de sa jeunesse, le paradis se changeant en enfer, le bruit des casseroles, les cris, les larmes et le sang. Et une odeur de poudre par-dessus tout, une odeur entêtante, enivrante, violente et sauvage. Il grimaça. Sa main malade crispée sur l'arme le faisait souffrir. L'homme qu'il avait en face lui renvoyait un reflet. Lui-même était vieux et laid. Et tant mieux si sa Gabriella lui jurait le contraire. Il était vieux et il avait mal. Biographie de l'auteur Philippe GEORGET est né en 1963 quelques jours après la mort de Kennedy, mais ne cherchez pas, il a un bon alibi ! Il a 20 ans quand il découvre la solidarité en participant à la construction d’une école au Nicaragua. De retour en France, il reprend des études qui le conduiront à une licence d’histoi