La calligraphie est la clé de vaine de l'oeuvre exceptionnelle de François Cheng, poète et romancier (prix Femina 1998). La révélation de ces créations d'encre, jusqu'à présent entièrement inédites, constitue un événement littéraire et artistique. Magistralement commentées par l'auteur à la manière d'un chemin intérieur, elles forment un trait d'union entre la plume et le pinceau, la Chine et l'Occident. François Cheng s'affirme ainsi comme l'un des rares artistes capables, à l'exemple d'Henri Michaux, d'être reconnu dans plusieurs disciplines à la fois il fait de sa vie une oeuvre totale.Mon père ne m'a pas légué des meubles ou des bijoux, mais des bâtons d'encre. Depuis trois ou quatre générations, ces bâtons sont un trésor de famille plus précieux que l'or. La jubilation ne vient pas de la virtuosité, mais de la pratique quotidienne de cette discipline devenue une prière intérieure. Tous les matins, je calligraphie, pour me calmer, pour chasser les restes de cauchemars et entrer dans le rythme de la vie. Je travaille dans la solitude, avec une frayeur sacrée. En ce sens, on peut parler de quête spirituelle. Chaque jour, il faut repartir de la feuille blanche, retourner sous terre, plonger en soi. Je prends cette discipline comme une ascèse et un bonheur. Aujourd'hui, je me sens en paix, car cet album que j'achève dans la douceur de l'été, à l'entrée de l'année du serpent, reflète l'état actuel de mon être. Révélées pour la première fois, l'ensemble de ces oeuvres, fruits de si longues maturations, sont une invite à partager la saveur de l' instant lorsque le vrai et le beau ont consenti à laisser leurs fugaces et indélébiles empreintes.Biographie de l'auteurFrançois Cheng est né en 1929 à Nanchang, dans une famille de lettrés. Il quitte la Chine à vingt ans. Arrivé en France en 1949, à une époque où les études orientales sont encore embryonnaires, il suit un enseignement à la Sorbonne et à l'Ecole pratique des Hautes Etudes. Naturalisé français en 1971, il occupe à son tour une chaire de professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales. François Cheng est un homme de crêtes : il se tient toujours entre les deux versants de la vie, entre deux mondes. Il a fait de son exil une traversée intérieure, apprenant à réunir ce que la vie avait séparé. " On ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais en touchant les deux à la fois et en remplissant tout l'entre-deux " a écrit Pascal. Traducteur réputé en chinois des œuvres de Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire, Char, Michaux ou Laforgue, François Cheng, dans le même temps, a fait connaître en France la puissance de la poésie chinoise, Les trois ouvrages qu'il lui a consacrés sont considérés par la critique comme des classiques : L'Ecriture poétique chinoise (Seuil, 1977), Vide et plein : le langage pictural chinois (Seuil, 1979), De l'arbre et du rocher (Fata Morgana, 1989), Entre source et nuage, la poésie chinoise réinventée (Albin Michel, 1990). Cependant, l'érudition n'a pas éteint la source du créateur. Chaque recueil de ses poèmes rencontre un public fervent, notamment Trente-six poèmes d'amour (Unes, 1997), Cantos toscans (Unes, 1999) ou Double Chant (Encre marine, 1998 - nouvelle édition, 2000 - prix Roger Caillois), Qui dira notre nuit (Arfuyen, 2001). Comme écrivain, la consécration est venue avec son premier roman, Le Dit de Tianyi (Albin Michel 1998), qui a reçu le prix Femina et a été traduit dans le monde entier, tandis qu'une nouvelle œuvre de fiction est attendue, L'Eternité n'est pas de trop (Albin Michel, 2002). L'être de langage, poète, traducteur, essayiste, romancier, est également un homme sensible à l'art pictural. Ses
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