Le Pitch
Quatrième de couverture Tome 1 : La modernité triomphante (1715-1815) « je me trouve à Bordeaux qu'on appelle le petit Paris. Paris est la capitale de la France et l'endroit où se rendent les étrangers du monde entier, possède des richesses, un luxe, des commodités et des plaisirs de toute sorte; mais Bordeaux le dépasse en opulence, en dédain de l'argent, en cherté, en audace et en certaines richesses... Ce luxe a pour cause la richesse, et cette richesse est due à l'admirable fertilité du sol bordelais: les vins et les fruits sont les articles que Bordeaux exporte. » C'est avec ces mots très forts que le pasteur luthérien Hallman, correspondant de Linné, évoquait le choc que produisit sur lui le port de la Lune en plein essor. En réalité, tous les voyageurs se plaisaient à décrire l'exceptionnelle prospérité du premier port français, qui était passé en un siècle de 35 000 à 110 000 habitants. Une telle explosion démographique signifiait une profonde mutation du tissu urbain, un tel enrichissement supposait de nouvelles habitudes de vie, une irruption du luxe venu de la capitale, mais aussi une aggravation des contrastes entre les élites de la noblesse et du négoce et le menu peuple, attiré par la foule des petits métiers que proposait le port. C'est une vie au quotidien que propose cette Histoire des Bordelais qui cherche à retrouver les acteurs du siècle des Lumières dans leurs comportements sociaux, dans leurs habitudes culturelles et démographiques, dans leur vie matérielle, que cela soit le décor de leurs maisons, leur alimentation ou leur vêtement. Pour mieux percevoir l'esprit d'une époque, pour plonger dans l'ambiance des rues de la ville, il était nécessaire de reconstituer le climat, de faire revivre l'emploi du temps des habitants, de les suivre au travail dans le comptoir du négociant comme dans l'atelier du tonnelier, de les accompagner dans leurs distractions, dans leurs joies comme dans leurs peines. L'objectif est de bien saisir-le Bordelais dans l'instantané, de le faire sortir de lui même, lui réputé si froid, d'écrire en quelque sorte une histoire des passions bordelaises. Tome 2 : Une modernité arrachée au passé (1815-2002) Ce livre est ambigu et se revendique comme tel. Il n'est pas une histoire de la ville; il n'est pas non plus celui de la vie quotidienne des générations successives. Il se veut inventaire de ce qui a pu faire l'originalité, au cours des deux derniers siècles, du destin des Bordelais, mise en lumière de ce qui a marqué leurs comportements, rappel d'acteurs dont le rôle, pour important qu'il ait été, n'a pas laissé de trace dans la mémoire locale. Il se veut vision d'un passé revisité, moins déterminant pour le présent qu'on ne l'admet souvent, moins détaché aussi du contexte national et international qu'on ne le croit volontiers, mais pas moins riche pour autant. Il est certes évocation des héritages, mais aussi distanciation par rapport au passé, insistance sur la singularité d'un présent qui, par bien des points, s'en détache. Plutôt qu'une vaine tentative d'expliquer les Bordelais du XXIe siècle naissant par ce que furent ceux qui les ont précédés, et qui ne sont que très partiellement leurs ancêtres, ce livre a pour but de suggérer tout ce qui les en sépare, même si leur glorieux cadre de vie est, lui, largement hérité. II est donc suggestion que Bordeaux est pleinement aujourd'hui une ville de son temps, plutôt qu'une métropole décadente écrasée par la gloire de son histoire.