Fiche technique
- Titre : Nous les chats ...
- Auteur : Habib, Claude
- Langue : Français
- Format : Poche
- Nombre de pages : 124
- Genre : Romans
- Date de publication : 18-02-2015
- Édition : Editions de Fallois
- Poids : 0.17 kg
- Dimensions : 14 x 1 x 22 cm
- ISBN-10 : 2877068870
- ISBN-13 : 9782877068871
Résumé
Ce livre est l'autobiographie d'un chat. C'est aussi un passeport pour entrer dans l'âme féline, au risque de perdre quelques illusions. Il ne faut pas croire que tous les chats nous aiment. Ce n'est pas le cas. L'animal qui parle est furieux. Persuadé qu'il va mourir, il est fâché contre le monde. C'est un effet de sa nature : le propre de l'espèce est la félicité, felix felis. Le malheur d'un chat est une injustice, et le malheur crie vengeance. Sa vie repasse en accéléré. Il a connu des hauts et des bas. Il se reporte à sa jeunesse, au bonheur de sentir, à la vie dans les bois. Et toujours la rancune se mêle au souvenir des joies, la rage à la réflexion. L'obsession de ce chat, c'est l'homme : souvent son ennemi, parfois sa dupe, jamais son maître. A cet usurpateur, il pose des questions de fond : Qui doit dominer, de l'homme ou du chat ? Au nom de quoi subir les lois des hommes ? Qui est le domestique de qui ? On dit du chien qu'il est le meilleur ami de l'homme. Le héros de Claude Habib lui abandonne ce privilège : sans façon. Claude Habib est professeur à l'Université de la Sorbonne nouvelle. Elle a publié Le consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la Cité (Hachette Littératures, 1998), Rousseau aux Charmettes (de Fallois, 2012), et Le Goût de la vie commune (Flammarion, 2013). Elle est aussi l'auteur de deux romans, Préfère l'impair (Viviane Hamy, 1996), Un Sauveur (de Fallois, 2008).ExtraitJe suis quelqu'un de fruste, c'est de naissance. Je suis né en hiver, au fond d'un trou. Ma mère avait trouvé ce trou, elle nous y a nichés, nous étions trois sous elle. C'était la meilleure personne du monde. Elle l'est toujours, mais ce n'est plus pareil. Elle a terriblement rétréci. Je résume ma vie, je vais mourir. Et de la mort la plus atroce, la plus humiliante, la moins méritée. C'est comme ça. Je ne peux pas savoir le temps que ça va prendre. Le poison a touché mon dos, c'était un jet vert et froid. Puis il a coulé le long du flanc droit. Sous les poils, la peau brûle, et l'odeur soulève le coeur. L'odeur en question, c'est un piquant-croupi. D'abord vient le piquant, c'est un coup (comme tomber sur une châtaigne, la narine en plein dessus). En dessous, le croupi. Je ne peux pas me flairer, je ne peux pas me laver. Je n'ai rien à faire qu'attendre. Pourvu que ça ne dure pas trop longtemps. Et pourvu que ça dure, un peu, quand même. Plus je pense à mon sort et plus je hais les hommes. Ils m'ont eu, c'est terrible à dire. Une femelle, en l'occurrence. Moi, la perfection de la nature, j'ai été défait par cette imperfection ambulante, cette variante du singe. J'ai reculé. Je me suis blotti, j'ai fermé les yeux. Elle était plantée devant moi, glapissante; attifée comme ils sont tous ; armée comme il faut toujours craindre qu'ils le soient. Car c'est une race qui ne se suffit pas : ils comptent sur les accessoires. Leurs voix dans la nuit : - Ça y est, tu l'as eu. - Je l'ai eu ? - Oui, tu l'as eu, allez, on rentre... t'inquiète pas, il a son compte. Et c'était vrai : je porte à mon flanc ce qui ne s'estompe pas. Aucune retraite ne pourra plus me sauver, si ce n'est de la honte d'être regardé mourir. En deux bonds, j'ai rejoint le bûcher, j'ai repris ma bonne vieille place en haut du tas de bûches. J'aime ce coin. J'y ai passé tant d'heures aplati sous le toit de tôle que ça ressemble à l'éternité. Comme si j'avais toujours été là, à épier le bruit des rats qui vivent sous le tas de bois - on n'a aucune chance de les attraper, sauf les jeunes au printemps, la première fois qu'ils sortent. Aujourd'hui, l'odeur infâme me cache le manège des rats. Et cette odeur infâme, c'est moi. Il n'y aura plus de rats, plus de guet, plus de course folle. Je sais qu'ils sont là, mais pour d'autres. Le monde va continuer sans moi : il s'entraîne. Ah, la puanteur ! J'en suis à souhaiter la pluie, moi qui la hais.
À propos de l'auteur
Habib, Claude
Claude Habib est professeur à l'Université de la S
Vous souhaitez vendre ce livre ?
C'est simple et rapide, il vous suffit de scanner le code-barres. Cette référence a été scannée 1 fois avec notre app par notre communauté de vendeurs, rejoignez le mouvement en cliquant ici.