Le Pitch
Présentation de l'éditeur
«Les Cahiers de L'Herne sont de grandes monographies critiques qui mettent à l'honneur écrivains et penseurs contemporains ou classiques. Composés de textes inédits, de témoignages et d'articles thématiques sur l'auteur et son oeuvre, ils retracent de manière singulière le parcours d'un individu qui a marqué sa génération.»
Cahier dirigé par Jean-Pierre MOREL
«L'art vole autour de la vérité, mais avec la volonté bien arrêtée de ne pas se brûler.»
Extrait de Préparatifs de noce à la campagne
À la lumière des travaux de recherche des 30 dernières années, ce Cahier de l'Herne consacré à Franz Kafka cherche à restituer avec le plus de précision possible l'histoire de l'écrivain et de l'homme et à donner un aperçu de la richesse et de la diversité de l'oeuvre, ainsi que de la variété des interprétations qu'elle continue de susciter même après la fin de ce XXe siècle dont Kafka représente la plus parfaite incarnation littéraire.
Ce Cahier reconstitue la trajectoire de Kafka écrivain, à travers un choix de textes autobiographiques pris dans les Journaux, dans les Cahiers in-octavo ou dans les lettres. Ainsi, la partie conservée de la correspondance avec Felice Bauer (1912-1917) et Milena Jesenská (1920-1924), les deux principales destinataires des lettres d'amour de l'auteur, y est mise à contribution.
L'Herne a sollicité Olivier Mannoni pour retraduire ces textes ; le résultat sera sans doute une découverte pour ceux qui ne connaissent pas Kafka épistolier ou diariste et une surprise pour ceux qui le connaissent par des traductions antérieures : la vigueur de la langue, l'audace des images, les constructions parfois déconcertantes donnent de l'homme privé et de l'écrivain Kafka une image différente de celle, plus discrète et plus policée, à laquelle on est accoutumé. Un florilège de textes écrits sur Kafka par d'autres écrivains et penseurs, allemands, français et d'autres nationalités, vient compléter une vingtaine de contributions dues aux participants français, mais aussi allemands, anglais, américains et canadiens, du colloque de Cerisy «Kafka après «son» siècle» (août 2010).
Cet ensemble se clôt, comme il s'était ouvert, sur une rubrique «Interpréter Kafka», pour souligner qu'en définitive c'est le mouvement de l'interprétation, sans cesse relancé, qui porte la possibilité de survie de l'oeuvre : l'examen s'oriente cette fois vers quelques-uns des textes écrits par Kafka entre 1917 et 1924, et notamment Chacals et Arabes, lequel, dès son titre, fascine par la polyvalence des lectures idéologiques ou politiques auxquelles il peut prêter dans le monde de 2014.
Extrait
Extrait de l'avant-propos de Jean-Pierre Morel et Wolfgang Asholt
Il n'est jamais facile de présenter une publication nouvelle à propos de Kafka. Impossible en effet de prétendre renouveler l'approche d'un écrivain sur lequel «des centaines de milliers d'écrits [...] se sont accumulés en l'espace relativement bref d'un demi-siècle». Et, du coup, difficile d'éviter qu'on la soupçonne de contribuer «au caractère parasitaire d'une telle prolifération». Bien sûr, on pourrait dire que la déploration devant l'abondance des commentaires ou la diatribe contre leur inutilité ou leur nocivité est presque aussi vieille que la lecture et l'interprétation de Kafka ; ou que même W.G. Sebald, que l'on vient de citer, fait une différence entre la masse des glossateurs dont il se plaint et un petit nombre de commentateurs qu'il respecte ; et qu'il finit d'ailleurs, lui aussi, par «ajouter un titre supplémentaire à cette liste déjà beaucoup trop longue». Pourtant, le soupçon persiste. Le seul argument qu'on puisse lui opposer est que chaque publication nouvelle ne vient pas seulement «s ajouter» à une même liste de titres sans cesse grossissante ; elle apparaît à un moment déterminé, suivant un mouvement qui a sans doute sa logique et obéit à des raisons plus profondes que celle de servir d'affluent à un neuve intarissable.
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