Le Pitch
Présentation de l'éditeur Vivre l'aujourd'hui de Dieu parut en 1959, au moment où Jean XXIII venait d'être élu pape et convoquait presque tout de suite le concile Vatican II. C'est ce livre qui fît connaître frère Roger au grand public. Une voix nouvelle et originale, jusque-là confidentielle, se faisait entendre, formulant en mots simples une manière moderne de vivre la vie chrétienne, présentant la vocation de la communauté de Taizé, et proposant aussi une feuille de route pour l'oecuménisme qui allait commencer à prendre son essor. Vivre l'aujourd'hui de Dieu reste un classique dans l'histoire de la spiritualité. Il forme ici comme le panneau central d'un triptyque réunissant les premiers livres du fondateur de la communauté de Taizé. Il est suivi d'extraits de Introduction à la vie communautaire (1944), oeuvre de jeunesse qui en fut une sorte de première ébauche, et de L'unité, espérance de vie (1962), qui en dégagea quelques prolongements. Frère Roger est le fondateur de la communauté de Taizé. Il en a été le prieur jusqu'à sa mort. La communauté continue à être animée par une passion pour la réconciliation entre chrétiens divisés, pour la paix dans la famille humaine, et par une confiance inébranlable dans les jeunes. Extrait Ce livre voudrait aider à la réflexion sur le monde et l'Église d'aujourd'hui. Il a été écrit à Taizé, dans une communauté qui se veut à la fois insérée dans le monde et au coeur de l'Église avec une pleine conscience du drame de la division des chrétiens. C'est peut-être par là qu'il acquiert quelque authenticité. Bien sûr, un protestant peut se dire : «Que peut nous apprendre sur l'unité une communauté comme Taizé, puisqu'elle n'est pas à l'image de ce qui existe dans les Églises de la Réforme ?» Mais en fait comment le pourrait-elle puisqu'elle demeure, pour le moment, la seule communauté cénobitique d'hommes née au sein des Églises de la Réforme ? Son appel particulier ne l'empêche pas d'être solidaire de ces Églises. C'est au milieu d'elles qu'elle cherche la voie de l'unité visible des chrétiens. Beaucoup de chrétiens sont d'accord sur la nécessité de prier toujours plus ardemment pour que nous soit donnée l'unité. Cela est si vrai : la prière est la voie première qui s'offre à nous tous. Mais cette prière ne peut alors que susciter des actes. Sinon ne serait-elle pas comme un refuge pour fuir une réalité douloureuse et renoncer, dès lors, à un dépassement qui nous coûte ? La prière suscitera, en tous les cas, la charité du Christ. Nous l'avons éprouvé si fort au cours de ces dernières années. Des hommes qui nous étaient très lointains sont devenus des frères dans la foi. Tel laïc, tel prêtre, tel évêque, tel cardinal, dont humainement nous étions tellement séparés par notre formation et nos âges, sont devenus capables, à cause même de la charité brûlante, de saisir ce qui, chez les chrétiens non catholiques, demeure tellement authentique, sérieux, soucieux de vérité évangélique. Ils se multiplient en ces temps, dans l'Église catholique, des hommes d'une telle compréhension. Pour nous, si les barrières infranchissables qui nous opposaient n'avaient été abaissées par l'amitié que le Christ place en l'homme par le Saint-Esprit, nous en serions restés au stade des entretiens qui buttent toujours sur tel facteur rationnel, nous n'aurions pas dépassé les discussions sans issue. Je ne résiste pas au désir de citer un témoignage immédiat de cet esprit irénique. Après avoir lu les pages qui suivent, le cardinal Gerlier m'écrivait : «... Merci encore de nous avoir rappelé la valeur évangélique et la valeur d'actualité (les deux ici ne font qu'un) de la pauvreté, du célibat, et de l'obéissance. Mais ce que j'ai trouvé de plus saisissant dans votre texte - d'autres auront peut-être des impressions différentes - c'est votre exposé sur la contemplation, sur la communauté de biens, et sur la manière communautaire d'exercer l'autorité et de vivre en commun dans l'obéissance et l'unité. À une époque où des ce