Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Il aurait pu choisir Popaul, son surnom à la communale, Grand Jacques, comme cet autre belge à qui on le compare, ou même son vrai nom : Van Haven, trop couleur cacao à son goût. Il a préféré Stromae, Maestro en verlan.
Le ton était donné, car si Stromae n'est pas seul dans sa tête, il n'est pas non plus seul sur scène : son choix c'est le groupe. Lui, c'est simplement l'homme-pupitre, celui qui donne le "la" d'une symphonie bien orchestrée.
Si ce touche-à-tout de génie est inclassable et percute aussi bien le coeur des mômes dans les cours de récréation avec son Papaoutai, des victimes de chagrins d'amour avec Formidable ou des fêtards avec Alors on danse... c'est qu'il ne se contente pas d'apporter sa rime : il la déclame. Du rap à l'électro, de la rumba à la salsa, il est l'incarnation même du groove.
Stromae fait sonner les mots comme personne. Il les sculpte, les façonne comme les flèches d'un sorcier primitif. À ces mots taillés sur mesure, dans un français classique que tout le monde comprend, Stromae ajoute juste cette pointe de gouaille qui fleure bon la modernité. Il suffit qu'il ouvre la bouche pour que la magie opère et envoûte. On oublie instantanément le look surlooké, la mise en scène réglée au cordeau et les gestes saccadés, pour se perdre dans ses mots et son phrasé de slameur.
Stromae redevient simplement ce qu'il est : un chanteur formidable. Un homme vrai, sincère, dont l'extravagance nous renvoie l'image de sa double culture : couleurs qui flashent, mouvements qui déplacent les lignes et brisent comme fétus de paille, les idées reçues.
Pas à la mode, et surtout peu désireux d'en lancer une, Stromae projette sa voix, son style, sa langue, ses thèmes qui font mouche en chacun de nous, sans souci du paraître mais d'être lui-même, avec ses fêlures si semblables aux nôtres.
Ce livre vous propose de visiter ensemble l'univers de Stromae, de découvrir ses origines, ses goûts, ses passions, tout ce qui a façonné cet ovni, cet homme étrange venu d'ailleurs, qui enchante et réconcilie toutes les générations.
Extrait
Extrait de l'avant-propos
Un électrochoc !
Stromae ! - prononcez Stromaille - un nom qui sonne comme le cri de victoire d'un guerrier massai. Maestro déjanté, Stromae fait danser la planète sur des rythmes solaires, tout en déballant sa petite boutique des horreurs, avec un phrasé digne d'un premier prix de Conservatoire.
Faux ivrogne ou Arlequin coulé dans la cire, il ponctue chacune de ses prestations d'une danse du scalp qui nous laisse pantois. Impro ? Ivresse ? Délires ? Prémisses parkinsoniens ? Que nenni, tout cela est cadré, précis, réglé au millimètre. Stromae est l'artisan de sa propre réussite : à la fois marionnette et marionnettiste.
Cet ovni, qui pourrait agacer, percute et bouleverse. Jeunots, bobos, mamies, il les envoûte tous, et je ne fais pas exception à la règle, malgré mes 50 balais au compteur.
Le problème, c'est que j'en suis encore à me demander pourquoi ! Raisonnons : le rap, c'est pas ma came, pas pour les raisons que vous pourriez imaginer, mais simplement parce que je n'y entends goutte. Pour moi... c'est du yaourt - avec ou sans sonotone ! - Des personnes s'agitent, m'engueulent et je ne sais pas pourquoi. En un mot, pour faire jeune : ça me gave !
Le seul point qui m'interpelle c'est le rythme : il a la cadence des alexandrins. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? c'est pas du rap, ça : Stromae, faudrait y penser, vous qui avez déjà remis Carmen au goût du jour ! Quant à l'électro, le hip-hop, la house pour moi c'est seulement du bruit qui me grille les neurones et accélère les battements de mon coeur.
Faut dire que je suis accro au divin Mozart (comme Stromae d'ailleurs) et que, même dans le classique, passé le cap Debussy, j'ai les oreilles en vrille.
Alors pourquoi Stromae m'emballe-t-il, au point de lui consacrer un livre ?
Parce que dans ses chansons, moi je n'entends rien de tout ça : j'en