Résumé
Ce regard en arrière : Et autres écrits journalistiquesExtraitLIBERTÉ ET SHOWBIZ (The Irish Times, 8 juillet 1986) L'autre soir je regardais le programme organisé par la télévision américaine pour fêter la remise à neuf de leur Statue de la Liberté. Les présidents Reagan et Mitterrand assistaient à l'événement, avec une foule de gens qui visiblement pelaient tous de froid sur un quai venteux du port de New York. C'était fascinant, comme toujours, de voir ce qu'une nation choisit de montrer lorsqu'elle veut exprimer ce qu'elle est. Vous vous rappelez la fois où des millions de regards nous observaient à Ballyporeen quand nous - ou un type quelconque - avons décidé de faire appel à Derek Davis et je ne sais quelles petites danseuses irlandaises pour résumer l'âme de l'Irlande lors de la visite de Reagan dans la ville de ses ancêtres ? Les Américains ont beaucoup plus d'aplomb que nous quand ils donnent dans le showbiz patriotique, et c'est bien légitime. N'empêche, du point de vue européen, ce week-end de la Liberté était on ne peut plus bizarre. Pour commencer, les stars de l'écran - la famille royale américaine - interprétaient des rôles surprenants. Le président Mitterrand avait pour présentateur un homme d'État bien connu, Gregory Peck ; Robert De Niro, armé d'un micro qui ne marchait pas, présentait le ministre de la Justice, qui à son tour faisait prêter serment d'allégeance à des milliers de nouveaux citoyens en multiplex dans tout le pays. Cette cérémonie aurait pu être le grand moment d'émotion de la soirée. La Statue de la Liberté représente les millions d'immigrants qui ont fondé l'Amérique moderne, et la citoyenneté américaine reste aujourd'hui le but, l'aspiration quasi religieuse de millions de gens aux quatre coins du globe. Tandis que les caméras faisaient un panoramique des nouveaux citoyens, on pouvait voir au moins une raison qui rend l'Amérique synonyme de liberté. Ils étaient là, des gens de toute forme, taille et couleur, qui ne connaissaient pas les mots du serment, bâillaient, se bousculaient, vêtus à la diable. Personne ne les avait dressés à bien se tenir. Les voilà maintenant, comme les premiers immigrants, libérés des princes et des évêques et de l'oppression de classe. Ils sont égaux ; les vieux pays d'Europe, même les plus socialistes, n'ont jamais atteint cet idéal. Bien sûr, en disant cela, on laisse de côté les questions que soulève l'ouverture du spectacle par un petit Noir chantant l'hymne national.
À propos de l'auteur
O'Faolain, Nuala
Née à Dublin en 1940, Nuala O'Faolain est un écrivain internationalement reconnu depuis le succès de son premier livre autobiographique, On s'est déjà vu quelque part ?, paru en France en 2002. Toute son oeuvre, notamment L'Histoire de Chicago May qui fut couronné en 2006 par le prix Femina étranger ou Best Love Rosie, paru l'année de sa mort en 2008, est publiée en France par Sabine Wespieser éditeur.
Fiche technique
- Titre : Ce regard en arrière : Et autres écrits journalistiques
- Auteur : O'Faolain, Nuala
- Langue : Français
- Format : Broché
- Nombre de pages : 425
- Genre : Nouvelles
- Date de publication : 03-02-2011
- Édition : Sabine Wespieser
- Poids : 0.465 kg
- Dimensions : 13.999972 x 1.999996 x 18.299963400000003 cm
- ISBN-10 : 2848050934
- ISBN-13 : 9782848050935
Informations supplémentaires
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