Le Pitch
Depuis vingt ans, Maud Kristen frappe l'imaginaire des Français lors de ses apparitions télévisées au cours desquelles elle n'hésite pas à prendre le risque de démonstrations étonnantes. Elle a réussi le pari d'être connue du grand public tout en révolutionnant l'image traditionnelle de la voyante. Cette " anti-madame Irma " nous livre ici l'histoire de sa vie : son enfance, sa jeunesse, la découverte de ses capacités de voyance et le combat qu'elle mène pour les faire reconnaître par la science. En toute transparence, elle témoigne des bénéfices objectifs d'une consultation mais aussi de ses limites et parfois de ses dangers. Elle nous livre ses méthodes, nous invite à découvrir la part la plus secrète de son travail, notamment ses relations avec le monde de l'entreprise et les sphères du pouvoir... Elle fait le point sur les a priori qui nous font craindre et rejeter l'existence de la clairvoyance et de la précognition, alors que les possibilités méconnues du psychisme humain sont pourtant développées dans nombre de traditions spirituelles. Elle témoigne enfin de son double engagement : scientifique d'une part, en collaborant avec des chercheurs en parapsychologie pour faire de la voyance un sujet de recherche à part entière, spirituel d'autre part, par sa pratique du bouddhisme tibétain après sa rencontre privilégiée avec le dalaï-lama, en 2004, à Dharamsala.
Tout est normal, rien n'est normal... Je crois que je ne comprendrai jamais ce qui s'est passé dans ma famille. Quand je reviens sur mon enfance, tout est étrange, tout est enveloppé de mystère. Et tout est terrifiant. Ma mère, avant de me mettre au monde, avait vécu pendant près de vingt ans dans le Tout-Paris intellectuel et littéraire. Elle avait été l'assistante de personnalités comme Jean Duché, auteur et éditorialiste au magazine Elle, mais aussi celle de l'homme de théâtre et académicien André Roussin, ou encore du metteur en scène et comédien Louis Ducreux. Elle-même avait cultivé au début des années cinquante l'ambition de devenir comédienne en entrant au célèbre centre d'art dramatique de la rue Blanche, dans la même promotion qu'Annie Girardot. Son milieu professionnel était finalement devenu l'univers de l'édition et de la radio. Par ailleurs, elle avait épousé mon père en 1958 à l'âge de trente et un ans - autrement dit, alors qu'elle pouvait déjà être considérée comme une «vieille fille», selon les critères de l'époque, quand les femmes de vingt-cinq ans toujours célibataires «fêtaient sainte Catherine» en espérant trouver rapidement un conjoint. Pourquoi, après ce mariage tardif, avoir patienté sept ans pour mettre au monde un enfant unique ? Là encore, mystère... Il semble que des problèmes de stérilité ne soient pas en cause. Elle avait donc trente-sept ans quand je suis née. L'accouchement et ses suites, selon les propres dires de ma mère, auraient été «une tragédie». Mais surtout l'épisode représentait pour elle une rupture radicale avec son passé récent. Soudain, il ne fut plus du tout question dans sa vie de culture, ni de théâtre ni de radio. En même temps qu'elle me mettait au monde, elle choisissait de faire une croix définitive sur son passé professionnel. L'existence dans laquelle elle entrait était à l'opposé de tout ce qu'elle avait connu. Elle allait devenir une femme au foyer enfermée à plein temps dans l'espace étroit d'un tranquille trois pièces de banlieue ouest, attelée à des journées dépourvues d'intérêt à ses yeux - les courses, le ménage, la «petite» à accompagner à l'école, une vie conjugale sans plaisir ni relief. Jamais elle ne croisa plus - ne fût-ce qu'une fois - un seul visage appartenant à cet univers dans lequel elle avait pourtant vécu tant d'années.