Le Pitch
Présentation de l'éditeur Au matin de sa vie, l'homme inclinera d'avantage pour la tente du nomade que pour les murs de la sédentarité, Sa fougue juvénile fera merveille et emportera l'adhésion, même si parfois elle lui fait frôler l'abîme. De sentiers effilés en larges avenues, il connaîtra la brûlure du midi, puis les odeurs de foins dans les soirs prolongés de juin. Il croisera sur sa route l'humanité multiple et bigarrée, la caravane des êtres en mouvement. On l'appellera, le «marcheur de l'oie». Sous couvert de divertissement aimable, le jeu de l'oie devait, à l'origine, cartographier un territoire aventureux : celui où l'on joue son destin sur le mode symbolique, comme en simulé, avant un engagement véritable. Le marcheur de l'oie, ce héros en construction, visitera en effet bientôt les lieux de passage obligés de toute vie humaine. Il s'édifiera ainsi pièce à pièce, soumis aux visions qui fécondent ou victime de celles qui foudroient. Il tentera sans relâche de mener à terme ses buts de vie, case après case, avec les profits ou les déconvenues inhérents à chaque étape. Ainsi vont «les gens de la voie», ceux qui toujours désirent du sens tout en tournant autour d'eux-mêmes. François Bonnot François Bonnot est né en 1942 à Limoges, Après des études de lettres modernes à l'université de Genève où il suit les cours de George Steiner et Jean Starobinski, il ne cesse d'explorer et de chercher du «sens» dans les textes de spiritualité du legs universel. En même temps qu'une pratique assidue des arts plastiques (sculpture), il consacre une grande partie de son temps à l'écriture. Extrait S'éloigner des terres habitées Extrait de l'avant-propos How many roads must a man walk down ? Bob Dylan. Lorsque le jeune homme s'avise de s'extraire de la maison du père, il est encore tout entier contenu dans le mystère de son devenir et de ses possibles. En s'extirpant de la case 1 du jeu de l'oie, il sait confusément qu'il part pour un rendez-vous très lointain, à la confluence de routes qui restent à tracer, et de son être futur encore indiscernable. Il pressent que le chemin sera long, sinueux et parsemé d'embûches. Marche et connaissance iront de pair, s'affermissant l'une par l'autre au rythme des pas. La voie qui s'ouvre semble à première vue rectiligne. En fait, elle virevolte et s'étire comme un escalier en spirale, chaque case du jeu étant un palier de séjour plus ou moins durable, plus ou moins agréable, parfois interminable. Il y aura, lors de ces franchissements, des bonds en avant, mais aussi des glissades arrière et des dévalements de marches. Au matin de sa vie, l'homme inclinera davantage pour la tente du nomade, que pour les murs de la sédentarité. Sa fougue juvénile fera merveille et emportera l'adhésion, même si parfois elle lui fait frôler l'abîme. De sentiers effilés en larges avenues, il connaîtra la brûlure du midi, puis les odeurs de foin dans les soirs prolongés de juin. Il croisera sur sa route l'humanité multiple et bigarrée, la caravane des êtres en mouvement. On l'appellera le marcheur de l'oie. Nous éviterons, à propos du jeu de l'oie, de parler de «parcours initiatique» tant l'appellation est servie à tous les plats et mise à toutes les sauces. Nous préférerons dire : chemin d'accomplissement, ou itinéraire de formation (dans l'optique du compagnonnage), même si cela revient un peu au même. La route semblera alors, peut-être, un peu moins fréquentée. Dans la poursuite de QUOI au fait ? Eh bien, un objet ou un sujet encore imprécis, autorisant cependant toutes les quêtes, pourvu seulement qu'elles aient le mérite de commencer. Un objet, un être ou un lieu qui se révéleront comme dans un bain argentique, imperceptiblement, pour renvoyer, à celui qui interroge la pénombre, une image ressemblant étrangement à son désir profond et à lui-même. Sous couvert de divertissement aimable, le jeu de l'oie devait, à l'origine, cartographier un territoire aventureux : celui où l'on joue son destin s