Le Pitch
Présentation de l'éditeur «Il y a ainsi une odeur de chairs coupées, tailladées, des cris qui résonnent encore. Rien qu'une guerre de plus qui s'achève... Mordred est le dernier des varaniers, l'ultime représentant de sa race. Personne n'a jamais vu son visage derrière le heaume gris qu'il ne quitte jamais, pas plus que la couleur de sa peau par-delà l'armure qui l'habille - à moins que l'armure elle-même ne soit précisément cette peau, et son heaume son visage... Mordred est celui qui annonce, et nul n'échappe à son épouvantable prédiction : il connaît la fin de chacun, l'instant précis et les circonstances de la mort de quiconque croise sa route. Mordred est le plus redoutable des mercenaires. Aussi vieux que Bankgreen l'immémoriale, Bankgreen la mauve et noire, Mordred est immortel. à moins que... Car après tout, sur Bankgreen, la mort elle-même ne pourrait-elle pas mourir ? Thierry Di Rollo a publié huit romans - dont cinq aux éditions du Bélial' - et plusieurs dizaines de nouvelles, notamment au Fleuve Noir, chez Denoël et dans la revue Bifrost. Il signe avec Bankgreen son grand oeuvre, et crée avec la figure tragique du varanier Mordred l'un des héros les plus marquants de la dark fantasy épique depuis Elric, le prince buveur d'âmes de Michael Moorcock. «Raconter ce qui pourrait parfois s'enfuir et se cacher dans les méandres de l'irracontable, la chose n'est pas aisée, assurément. Comment tenter l'aventure narrative, d'une manière adaptée à ce monde hors normes qu'elle raconte et traverse et parcourt, ce monde et ses occupants ? Comment ? Raconter à travers la somme de tous ces écueils prévisibles dressés sur le chemin... Thierry Di Rollo l'a fait et y est parvenu avec une rare force évocatrice - avec ce qui fait qu'on entre dans ce monde à sa suite sans plus pouvoir s'éloigner de ses pas.» Pierre Pelot, extrait de la préface. Extrait Il est né dans la nébuleuse grise. Au coeur brûlant des amas bleus, il jaillit, traverse les brumes sombres et immenses, trace sa ligne entre les étoiles qui piquettent le noir profond de l'univers. Les forces courbent l'espace tout entier, le ploient indéfiniment. Elles ont peut-être raison. Ici, rien ne s'ajoute au Temps ni ne s'en retranche ; la matière vibrante des géantes rouges irradie le vide, l'amplifie à sa démesure. Il voyage à la vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde, il est immortel. Il glisse sur le froid énorme des champs d'astéroïdes, rebondit sur l'obscurité des planètes mortes, ne croit en rien d'autre que lui-même. Il est tout ; il n'est déjà plus rien. Le photon dérive, invincible. Il ne connaît que trop peu de choses de ces matières vivantes et bêtement immobiles. Il en croise, pourtant, de systèmes solaires en singularités vives. Elles représentent des jalons à peine marqués, fantomatiques sur les fonds infinis des mondes creux. L'univers est un ennui éternellement recommencé, le photon l'a appris depuis sa naissance. Et ce dernier continue, sûr de lui, parce qu'il a créé en partie l'inexplicable ; ces boules rondes et gelées flottant dans le néant ; ces étoiles d'une blancheur insoutenable ; ces gouffres obscurs aspirant et comprimant tout ; ces nébuleuses d'où lui-même, petit ludion de lumière immatérielle, a été expulsé. Cette somme innommable, insensée. Durable et solitaire. Le Temps est tellement long qu'il en devient profondément immobile. Le photon poursuit sa route perlée, visite des soleils jumeaux autour desquels gravitent des bouts d'astres pelés, ignore les météores incandescents des vieux mondes, atteint enfin les régions périphériques d'une galaxie semblable à toutes les autres. Biographie de l'auteur Thierry Di Rollo est l'auteur de huit romans -- dont cinq aux éditions du Bélial' -- et plusieurs dizaines de nouvelles, notamment publiées au Fleuve Noir, chez Denoël et dans la revue Bifrost. Il signe avec Bankgreen son grand oeuvre, et crée à travers la figure tragique du varanier Mordred l'un des héros les plus m