Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, leurs enfants et la famille de son mari. Un jour, elle est emmenée à l'hôpital de Souleymanyeh, très grèvement brûlée. Un accident domestique, apparemment... Un premier roman poignant de Marina Carrère d'Encausse pour décrire la terrible réalité des crimes d'honneur.
Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, leurs enfants et la famille de son mari. Un jour, elle est emmenée à l'hôpital de Souleymanyeh, très grèvement brûlée. Un accident domestique, apparemment... " Apparemment " car ces accidents dont sont victimes de nombreuses femmes, en général très jeunes, masquent souvent des crimes d'honneur. Tandis que Fatimah va lutter pour vivre malgré ses blessures, pour ses enfants et le bébé qu'elle porte et qu'elle appelle le " bébé de la honte ", la vie dans son village s'organise sans elle. À tel point qu'il semble qu'elle n'ait jamais existé. Seule sa fille aînée continuera à évoquer son souvenir. Que va devenir Fatimah ? Que s'est-il passé le jour de l'" accident " ? le jour où le " bébé de la honte " a été conçu ? Quels mystères planent sur cette femme ? Un roman poignant pour décrire la terrible réalité des crimes d'honneur.
Extrait
Premier jour. Souleymanieh, Kurdistan irakien, hôpital des grands brûlés
Il est 15 heures. Le soleil est au plus haut. Il fait chaud, l'air est étouffant. La rue est bruyante, la poussière omniprésente.
À l'intérieur de l'hôpital, le calme n'en est que plus remarquable. Les stores baissés tamisent la lumière, il fait bon. Un havre de paix, en quelque sorte...
On pourrait le penser si, dehors, il n'y avait l'enfer de la guerre. Cela fait près de trente ans déjà que le pays, hommes, femmes, enfants subissent l'horreur, la peur, la violence.
Pourtant, l'horreur s'étend jusque dans les chambres de l'hôpital. On perçoit des gémissements. Pas des cris - les malades sont plutôt courageux, dignes -, mais des plaintes sourdes.
Et puis, il règne une odeur fade, douceâtre, une odeur de pourri. C'est celle des corps grièvement brûlés. On a beau tout faire pour couvrir cette odeur - le sol vient d'être nettoyé, un chariot rempli de produits détergents et antiseptiques est parqué dans le hall -, elle est là, lancinante, elle s'infiltre dans les narines, occupe le terrain.
C'est un hôpital de brûlés, peut-être la pire des blessures que le corps et l'esprit puissent endurer. Et ici, ce sont les femmes qui souffrent.
Elles sont trois, allongées dans le sas de réanimation, antichambre de ce lieu où les médecins se battent pour sauver des vies. Quand ils le peuvent... Dans ce sas sont installés les cas les plus graves, les derniers arrivés.
Trois jeunes femmes : Bada, seize ans, Awira, dix-neuf, et Fatimah, vingt-trois. On ne distingue que des formes, mais ce sont bien des corps qui gisent sous les couvertures de survie posées sur eux. Des couvertures conçues pour maintenir une température suffisamment élevée et retenir la chaleur qui fuit, menaçant la vie à chaque instant.
Seuls les visages émergent. Les visages ou ce qu'il en reste.
Fatimah occupe le lit près de la fenêtre ; d'elle, on ne voit que la bouche. Le front, les joues sont recouverts d'un épais bandage qui masque ses blessures.
Dès qu'elle est arrivée, on lui a donné de la morphine pour apaiser ses souffrances et pour qu'elle supporte les premiers soins. Même plongé dans le coma, un brûlé peut ressentir la douleur, et les premiers gestes sont forcément éprouvants. Un médecin et un infirmier l'ont douchée, afin d'enlever toutes les peaux mortes mais aussi de rincer le kérosène encore sur sa peau qui risquait de pénétrer un peu plus dans le derme.
Ensuite, ils l'ont emmenée jusqu'au sas, l'ont installée le plus délicatement possible dans un lit stérile. Ils ont longuement, patiemment recouvert toutes ses brûlures de pommade désinfectante, puis de compresses et de bandes.
Revue de presse
Le roman de Marina Carrère d'Encausse racon