Le Pitch
Présentation de l'éditeur
La parade fantastiqueFemmes à barbes, hommes-canon, femmes-gorille, nains, géants, homme électrique, siamois, androïde de Mars, avaleur de grenouilles sur tous les chemins du monde, ces voyageurs de la différence et de l'insatiable curiosité de l'homme ont de tout temps fasciné.À l'apogée des montreurs de phénomènes, au XIXe siècle, Barnum fut le plus célèbre des impresarios, le pionnier. Des rabatteurs travaillaient pour lui aux quatre coins du globe exploitant les phénomènes et s'enrichissant sans scrupule. Pourtant, replacé dans le contexte de l'époque, ils ont permis à ces hommes et à ces femmes de survivre en se donnant en spectacle.À travers l'histoire de ces personnages au destin compromis par la nature, bonheurs et malheurs s'entremêlent. Mariages, enfants, passions, succès, argent mais aussi drames au quotidien, détresses profondes. On connaît la terrible histoire de Elephant Man, peu connaissent la triste fin de l'homme-momie, moins chanceux que d'autres qui ont accédé à une reconnaissance mondiale à l'image du général Tom Pouce ou de Kobelkoff, l'homme-tronc, heureux papa d'une belle progéniture.Des photographies, des cartes postales, publicités exploitant souvent la crédulité d'un public peu averti, restent les seuls témoins aujourd'hui de ce qui fut leur différence. Exhumés des oubliettes du temps, voici leurs portraits, croquis, évocations, articles de presse. Leurs heures de gloire et de désespoir s'inscrivent dans la grande histoire du cirque et des spectacles forains.Un pan du rideau s'ouvre sur la fantastique parade de cet univers mystérieux, sur ces personnages hors du commun, pourtant si proches de nous.
Extrait
La route phénoménale...
Sur la route, en Europe et sur tous les chemins du monde, de villes en villages, à bord de leurs carrosses de misère, roulottes et maringottes (voitures à cheval, munies de deux roues), tantôt intégrés dans un cirque, ces voyageurs de l'insatiable curiosité de l'homme ont de tout temps fasciné. Attraction, attirance et répulsion.
En France, si la plus ancienne mention d'un droit de foire, appartenant à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, date de 1176, ce n'est que dans La Gazette du 22 février 1664 qu'apparaît un géant. Dans un poème, signé Loret, revivent les attractions de la foire de Saint-Germain.
Citrons, limonades, douceurs,
Arlequins, sauteurs et danseurs,
Outre un géant dont la structure
Est prodige de la nature ;
Outre les animaux sauvages,
Outre cent et cent batelages,
Les Fagotins et les guenons,
Les mignonnes et les mignons,
On voit un certain habile homme
(Je ne sais comment on le nomme)
Dont le travail industrieux
Fait voir à tous les curieux,
Non pas la figure d'Hérode
Mais du grand colosse de Rhodes
Qu'à faire on a bien du temps mis,
Les hauts murs de Sémiramis,
Où cette reine fait la ronde ;
Bref, les sept merveilles du monde,
Dont très bien les yeux sont surpris ;
Ce que l'on voit à juste prix.
L'apogée des montreurs de phénomènes, "freaks", monstres, curiosités humaines et aussi animales, se situe entre le xrxe et le milieu du xxe siècle. Annoncés à grands renforts de superlatifs : "exclusif" ! "unique !", "sensationnel !", "incroyable mais vrai !", ces étranges personnages s'inscrivent dans le paysage d'une fête foraine, foire d'été ou d'hiver.
On appelle leur lieu de passage, l'entresort. C'est-à-dire un établissement forain dans lequel on entre et on sort en permanence et qui se visite moyennant quelques sous. D'autres jouent dans des cirques, composant ainsi la galerie dite des phénomènes. Dans des parcs d'attractions, certains villages, comme à Paris au Jardin d'Acclimatation, leur sont entièrement consacrés. Barnum fut le plus célèbre des imprésarios et surtout le pionnier. Des rabatteurs travaillaient pour lui sur les quatre coins du globe. La mode des phénomènes se dissipa à la sortie de la deuxième guerre mondiale.