Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Judith, Juliette et Jonathan ont grandi heureux dans l'Est de la rance, au sein d'une famille juive et laïque, modèle de tolérance. Par amour pour un agriculteur israélien, rencontré lors d'un séjour dans ce pays, Judith décide de quitter Paris et sa soeur avec qui elle cohabite, pour se marier et fonder une famille. Mais son bonheur est éphémère car peu après, son frère trouve la mort dans un attentat à Tel Aviv.
Sept ans plus tard, Juliette, restée à Paris, rencontre Mehdi, un musulman avec qui elle veut construire sa vie. Leur père, fragilisé par la mort de Jonathan dont il ne s'est jamais remis, s'effondre et menace de mettre fin à ses jours. Judith décide alors d'intervenir, persuadée que le projet de Juliette achèvera de détruire leur famille.
Elle imagine un stratagème et saute dans le premier avion pour Paris. Elle n'a que trois jours pour parvenir à ses fins. Mais ces trois jours sont plus compliqués qu'elle ne l'avait imaginé...
Laurence Barry 47 ans est née à Strasbourg dans une famille de deux enfants. Elle a vécu à Paris, avant de quitter la France pour Israël en 1994. Polytechnicienne, elle y travaille en free-lance comme actuaire conseil depuis de nombreuses années, tout en élevant ses trois enfants. Trois Jours est son premier récit qui a été finaliste du prix Matmut 2014 du 1er roman.
Extrait
Il y avait deux façons d'aller de Tsofit à Metzer. La première ne passait que par des routes nationales et pouvait prendre plus d'une heure. La seconde, de loin la plus courte, n'était pas toujours rassurante et Judith détestait faire cette route de nuit. Après la ville arabe, Baka Al-Gharbiye, il fallait quitter la grande route pour un petit chemin de campagne qui menait jusqu'au kibboutz dans l'obscurité la plus totale. Elle soupira. Elle avait pris le raccourci et se trouvait à l'entrée du chemin de terre. Elle alluma ses feux brouillard, appuya sur le bouton de fermeture automatique des portes et augmenta le son de la radio pour se rassurer un peu. La route était tortueuse et chaotique. Elle appuya sur l'accélérateur. Sa jeep tanguait dangereusement d'un côté à l'autre alors qu'elle essayait d'éviter les plus gros cailloux sans freiner. Il fallait faire vite.
Il lui sembla soudain apercevoir une ombre entre les buissons. Elle accéléra encore plus. Au loin, tout au nord, les petites lumières du kibboutz scintillaient et lui rappelaient son but. Sa mère Sarah venait de l'appeler, paniquée. Samuel était encore parti en claquant la porte. La dernière fois, six mois plus tôt, ils avaient mis presque une semaine à le retrouver. Ou plutôt c'était lui qui était rentré un beau matin, décharné et déshydraté, sans que personne ne sache où il avait passé les derniers jours. Le médecin du kibboutz leur avait conseillé de ne plus le laisser seul ; sa santé mentale, avait-il dit, plus que physique, n'était pas très bonne. «Samuel, tu devrais prendre des tranquillisants. Demande à Sarah, tu vas voir, ça va te faire beaucoup de bien !» Samuel avait jeté au médecin un regard noir. Il n'avait jamais pris un médicament de sa vie, il n'allait pas commencer à soixante ans. Judith n'avait rien dit. Elle espérait que le Dr Gilad parviendrait à faire entendre raison à son père ; elle, elle avait renoncé depuis longtemps.
A la radio, une musique semi-orientale lui racontait les déboires amoureux du chanteur. D'habitude, ce genre de paroles la faisait rire. Elle changea de fréquence, tomba sur les nouvelles de vingt heures, changea encore de fréquence, puis abandonna la radio pour se concentrer sur la route qui se tordait le long d'une montée assez abrupte. Elle préférait les descentes, au moins elle voyait où elle allait. La jeep toussait dans la montée. Judith eut peur un instant de caler au milieu de nulle part, en bordure de Cisjordanie, par une nuit obscure. Son pied se mit à trembler sur l'accélérateur. La semaine précédente, un terroriste était sorti à pied du village d'à côté pour se faire sauter da