Fiche technique
- Titre : Avec tes mains
- Auteur : Kalouaz, Ahmed
- Langue : Français
- Format : Relié
- Nombre de pages : 112
- Genre : Littérature Générale
- Date de publication : 09-02-2009
- Édition : TASCHEN
- Poids : 0.145 kg
- Dimensions : 14 x 0.9 x 20.6 cm
- ISBN-10 : 2841569977
- ISBN-13 : 9782841569977
Résumé
Soldat de la Seconde Guerre mondiale, immigré en France dans les années 1950, le père d’Ahmed Kalouaz a partagé le destin de centaines de milliers de travailleurs maghrébins. Ce récit émouvant et sans concessions parvient à lier de façon très vivante la petite et la grande histoires, pour illustrer une réflexion sur l’exil et la condition immigrée jusqu’aux soubresauts d’aujourd’hui : la crise des cités et le retour à la religion des enfants et petits-enfants de cette première génération. Extrait1932 Parler de toi, mon père, c'est remonter un fleuve en pirogue. À l'heure de ces premières lignes lancées sur le papier, je cherche le lieu où tu pouvais être en 1932. Ce sera le début. Il en faut un, puisque ces pages à venir, maintes fois repoussées, timidement viennent enfin à moi. Je sais que cette année-là, un jour, on vous a rassemblés sur la place du village. Un homme est assis à une table, apostrophe un à un les enfants qui jouent autour d'un terrain vague. Sur-le-champ, après avoir noté votre nom, il vous attribue une date de naissance, quand ce n'est pas un prénom qu'il maquille à sa façon. Tu t'appelles Abd el-Kader, comme l'émir défait par l'armée de Bugeaud, le 16 mai 1843. La prise de la smalah, c'est le début d'une guerre cruelle, soulignée par la devise romaine «Ense et araro». Par le glaive et la charrue. C'est le point d'orgue de la conquête menée par la France en Algérie. Autant dire que ce nom d'Abd el-Kader, l'employé de l'état civil le connaît lorsqu'il plaisante en parlant de la smalah. C'est par l'évocation de ce mot, par ce fait d'armes, qu'a commencé la colonisation pour les habitants de Saint-Aimé, de Mostaganem ou d'Arzew, pour les gens de ce territoire rabaissés au rang de «races inférieures» par Jules Ferry et ses amis. C'est par ce mot que je découvre ce pays qui fut le tien, si peu le nôtre. Une fois l'émir Abd el-Kader et sa famille débarqués à Sète pour y subir la réclusion et l'exil, des bateaux quittant les ports de France se sont emplis d'hommes et de femmes afin de gagner ce nouveau monde. Un éden supposé de l'autre côté de la mer. Autour des criques se sont installés des pêcheurs génois ou espagnols, petit peuple de gens sans histoires, portant la moustache et ne parlant que leur langue. Puis sont arrivés d'autres, au parcours de droit commun, bagnards de sang, refoulés, déportés pour raisons politiques, qui de leurs mains monteront des murets, de l'eau dans les collines. Ils s'appelaient Scotti, Serpaffi, ou bien Morand et Marquiset. Ces noms seront transformés par votre dialecte, votre façon de dire, et jamais malgré la pauvreté semblable, vous ne ferez vraiment langue commune. Sauf pour la guerre de 1914, lorsque vos parents partiront avec eux dans l'allégresse en saluant le drapeau de l'armée d'Afrique, se faire faucher sous leurs chéchias rouges. Sur le plateau du chemin des Dames, beaucoup suspendirent leur vol, pendant que les survivants se battaient autour de la ferme d'Hurtebise.
À propos de l'auteur
Kalouaz, Ahmed
Né en 1952, Ahmed Kalouaz vit dans le Gard. Auteur pour les adultes (dans la collection la brune), il écrit aussi pour la jeunesse et a publié plus de dix romans au Rouergue pour cette tranche d'âge.
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