Le Pitch
Présentation de l'éditeur
«Le récit lumineux d'une initiation amoureuse, vibrant de naturel et de sensualité, malgré la haine et la mort. Le plus bel hommage à la vie que l'on puisse imaginer.»
Antoine Pamiers, Télérama
«Un témoignage lumineux.»
Gérard Pussey, Elle
«C'est le livre que je préfère au monde. C'est une histoire magnifique, à la fois poétique et super-sensuelle...» Dominique A.
«Ses phrases, courtes et pudiques, sont chargées d'une poésie que la traduction restitue intacte.»
Florence Noiville, Le Monde
«Au fond, l'histoire est simple : Nìkos, un adolescent, et Gioconda, une jeune fille juive, s'aiment d'un amour total jusqu'à la déportation de celle-ci à Auschwitz, en 1943 ; le texte de Kokàntzis est délibérément traité avec la naïveté et la fraîcheur d'une passion juvénile. Ses phrases, courtes et pudiques, sont chargées d'une poésie que la traduction restitue intacte.»
Florence Noiville, Le Monde
Nikos Kokàntzis, né à Thessalonique en 1930, étudiera la médecine puis la psychiatrie à Londres. Il est mort en 2009.
Extrait
CECI EST UNE HISTOIRE VRAIE.
Hier, une fois de plus, j'ai vu en rêve mon ancien quartier. Rêve la nuit, cauchemar le jour, quand on voit ce qu'ils en ont fait. Moi, au moins, je l'ai connu du temps de sa beauté. J'ai eu la grande chance de naître et grandir là-bas, j'y ai vécu la guerre, l'Occupation, puis quelques années encore.
A l'époque, avant-guerre, dans des quartiers comme le nôtre, les gens vivaient dans des maisons et non dans des «résidences» ; il y avait des jardins et des fleurs, mais pas de voitures ; chaque saison avait encore son parfum, et le silence de la nuit n'était troublé que par l'aboiement d'un chien, le chant d'un coq avant le jour, les grenouilles dans la citerne du voisin l'été, le laitier du matin et les premiers bavardages des ménagères - par tout cela, et tant d'autres choses.
Il y avait alors là-bas une maison pauvre, devenue très importante pour moi. Elle était basse, allongée, avec un toit pentu de vieilles tuiles ; une treille courait sur la moitié de la façade et au-dessus de la porte. Il y avait d'un côté un semblant de jardin, avec deux ou trois pots de fleurs, des herbes folles et des orties, mais aussi un grand figuier, et une prétendue barrière qui ne faisait que marquer le terrain sans rien protéger - protéger quoi, et de qui ? C'était un jardin honnête et sans façons, dû pour un peu à la main de l'homme et pour beaucoup à celle de Dieu, un jardin délicieux, que pendant des années jusqu'à ce jour, parcourant les parcs des villes d'Europe, j'ai conservé dans mon coeur avec la nostalgie de ses recoins, de ses cailloux, ses bestioles, ses lézards, ses cigales, du monde immense contenu dans ce mouchoir de poche où nous avons joué, grandi, vécu, appris - surtout appris.
VOICI L'HISTOIRE.
Entre cette maison et la nôtre il y avait un terrain vague, une parcelle envahie de hautes herbes en été, dont nous ne savions même pas qui était le propriétaire, ce dernier ne s'étant jamais montré ; c'était le lieu où se retrouvait la bande, un lieu de discussions, de jeux, de disputes et d'amitié. C'est là que nous jouions à chat, à cache-cache, aux explorateurs dans la jungle, et que nous nous racontions nos histoires, allongés dans les hautes herbes, les soirs d'été.
La bande elle-même, à laquelle pouvait s'ajouter, selon l'heure et les circonstances, n'importe quel gamin du coin ou de passage, se composait de mes deux cousins et moi et des enfants de la famille habitant la fameuse maison. Ils étaient six : quatre filles - les plus âgées -, puis deux garçons nettement plus jeunes que nous. (...)