Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Avant, ma vie était facile. Mais ça, c'était avant.
J'ai fui tous ceux que j'aimais pour les protéger et, depuis, j'ai l'impression de tourner en rond.
Pour retrouver une vie normale, il va falloir que je mette la main sur mon père et sur mon frère, ces vampires psychopathes qui cherchent à me faire la peau. Jusque-là, j'ai fait chou blanc, ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé.
Bien sûr, les pouvoirs exceptionnels que je possède devraient m'être utiles pour mener à bien ma mission.
Il y a juste un tout petit problème : je ne sais toujours pas m'en servir. Heureusement, je vais trouver de l'aide là où je n'en attendais pas. Si seulement les emmerdes pouvaient se tenir à distance, cette fois...
Extrait
Finalement, les boîtes de nuit c'était pas si mal, comparé à ça.
Je franchis la porte et m'arrêtai un instant pour prendre une grande inspiration. Mauvaise idée. Ça sentait le chacal en rut. Ou mort. Ou les deux. Une fois que j'eus rejoint le bar, j'hésitai quelques secondes en face des tabourets. Ils semblaient tous étrangement gras. La femme de ménage ne devait pas passer souvent. Je décidai de m'asseoir. Mon jean en avait déjà vu des pires. J'évitai cependant de poser les coudes sur le comptoir. Je n'avais pas envie d'y rester collée, surtout si je devais m'enfuir en courant.
- Qu'est-ce qu'elle prend la petite dame ?
Je détaillai le barman. La quarantaine, des cheveux d'un blond jaune terne qui devaient être aussi propres que le tabouret sur lequel j'étais assise, et tout de cuir vêtu. Pantalon en cuir, gilet en cuir, et rien d'autre. J'espérais de tout mon coeur qu'il portait des sous-vêtements.
- Tequila, répondis-je.
Il me lança un sourire franc et sympathique auquel je ne me fiai pas. Il n'était pas humain, comme en témoignaient les deux crocs qui pointaient entre ses lèvres.
Je me tournai pour jeter un regard circulaire à la salle en attendant mon verre. Glauque. C'était le seul mot qui convenait pour le lieu dans lequel je venais de mettre les pieds. On aurait dit la version underground d'un saloon, à cela près qu'au XXIe siècle, les vampires avaient remplacé les cow-boys. L'endroit était plutôt vaste et divisé en trois zones distinctes : le bar, la scène, et la piste de danse. Le coin du bar, là où j'avais pris place, occupait tout le mur du fond et était aussi long que la salle où le public affluait pour profiter de la scène, sur laquelle trois musiciens se produisaient. Leur mélopée ressemblait aux cris d'un animal à l'agonie. Pourtant, la piste était plutôt remplie, et bien que je n'aie aucun moyen concret de les reconnaître en dehors de leurs crocs, j'étais persuadée que la quasi-totalité de la foule suivait une diète à base de sang. Il y avait également les groupies, catégorie dans laquelle j'étais censée me ranger grâce aux battements réguliers dans ma poitrine. Cependant, comme en attestait le nom de l'établissement, la majorité de la clientèle du Baron Vampire était plus morte que vivante.
Si certains des clients se contentaient d'écouter la musique en secouant légèrement la tête, d'autres étaient plus extravagants. Malheureusement, ce n'étaient pas ceux qui agitaient frénétiquement leur corps au rythme des basses, mais les couples qui étaient en train de se grimper dessus - au sens propre - au milieu de la foule. Je me retournai vers le bar avec un haut-le-coeur après avoir repéré le genre de pieu dont je ne me servais plus assez ces derniers temps.
Biographie de l'auteur
Marika Gallman est née en 1983, en Suisse. Collectionneuse acharnée de Post-it et de personnalités multiples, elle rate de peu une carrière de scénariste à Hollywood en écrivant à seulement 12 ans le scénario d’un Indiana Jones 4 qui ne sera pas retenu, faute de frigo dans l’intrigue. Elle se console devant ses séries préférées, dont elle rejoue les scènes cultes chaque nuit à voix haute dans son sommeil, quand elle ne se relève pas en douce pour regarder des films d’ho