Le Pitch
Présentation de l'éditeur
NOUVELLE EDITION - Janvier 2012 : CENTENAIRE de la naissance de Jacques Ellul
Jacques Ellul (1912-1994) est plus connu aux États-Unis qu'en France. Au début des années soixante, enthousiasmé, Aldous Huxley fit traduire et publier avec succès son maître livre, La Technique ou l'enjeu du siècle, depuis élevé au rang de classique étudié à l'université. Chez nous, le mouvement écologique, dont il fut un des précurseurs, lui doit beaucoup : ainsi est-il le maître à penser de José Bové et de nombreux partisans de la décroissance.Cet homme libre, à l'écart de toutes les chapelles, à la fois libertaire et croyant, solitaire et engagé dans son siècle, avait tout prévu, ou presque. Ces crises qui nous assaillent à répétition, réchauffement climatique, nucléaire, OGM, peurs alimentaires, nanotechnologies, épuisement des ressources, etc. ? Il les avait prévues. Cette désagréable impression que le " progrès technique " nous embarque dans un monde de plus en plus incertain, risqué, aliénant ? Il l'avait prévue. Mieux : ces phénomènes, il les avait pensés, étudiés, jaugés tout au long d'une œuvre abondante (plus de cinquante ouvrages).Persuadé que la technique mène le monde (bien plus que le politique et l'économique), il a passé sa vie à analyser les mutations qu'elle provoque dans nos sociétés, et la tyrannie qu'elle exerce sur nos vies. Dans cet ouvrage, Jean-Luc Porquet expose vingt idées fortes d'Ellul et les illustre par des sujets d'actualité. À l'heure où le mouvement critique contre la mondialisation marchande cherche des clefs pour comprendre et agir, cette pensée radicale, généreuse et vivifiante constitue une référence indispensable.
Extrait
Extrait de l'introduction
Ce livre est né d'une panique : celle de la vache folle. Laquelle inaugura une série de paniques générales d'un genre nouveau, dont nous ne sommes pas près de sortir. Vous souvenez-vous de la peur de l'anthrax, juste après le 11-Septembre ? De celle de la grippe aviaire en 2006, pendant laquelle les autorités françaises interdirent aux poules de sortir de leurs poulaillers ? De la terrible menace de pandémie due à la grippe porcine, dite grippe A, qui vit ces mêmes autorités commander en catastrophe 94 millions de doses de vaccin dont 6 seulement furent utilisés ? De la peur du concombre espagnol suivie de celle des graines germées à l'été 2011 ?...
À chaque fois, c'est la même chose : ces paniques nous prennent par surprise, nous plongent dans un état de sidération qui dure des jours, des semaines, des mois, puis s'évanouissent comme elles étaient venues. Et, comme c'est étrange : nous les oublions avec une facilité déconcertante, à la fois soulagés et presque honteux.
Écrite alors que la crise de la vache folle était encore dans toutes les mémoires, l'introduction de la première édition de ce livre débutait comme suit.
Le 21 octobre 2000, une vache folle ayant failli se faufiler jusqu'à ses étals malgré les multiples contrôles de sécurité, la direction de Carrefour annonce qu'elle retire des centaines de lots de viande de la vente afin d'éviter la panique.
Et c'est aussitôt la panique.
La crise de la vache folle, qu'on croyait derrière nous, repart de plus belle. Soudain, le steak dans notre assiette redevient suspect. La confusion est totale. D'abord à Paris puis dans toute la France, des maires se mettent à interdire le boeuf dans les cantines scolaires. Démagos, ou simplement prudents ? Des parents d'élèves les soutiennent : «Je ne veux pas prendre le risque qu'un seul de mes enfants attrape l'ESB dans vingt-cinq ans !» Réalistes, ou paranos ? La chaîne Buffalo Grill supprime la côte de boeuf dans ses menus, mais de son côté le gouvernement affirme qu'il n'y a aucune raison de l'interdire. Lequel des deux a raison ? Appelés en consultation par les médias, les experts nous expliquent qu'il ne faut pas s'affoler : les dangers de contamination sont très faibles en comparaison de ceux qu'on avait courus entre 1985 e