Le Pitch
Présentation de l'éditeur Mettre fin à la domination de l'homme sur l'animal : tel est l'objectif du mouvement végan. À l'heure où les consciences s'éveillent face à la cruauté des pratiques observées dans les élevages et les abattoirs et où le nombre de végétariens ne cesse de croître, la philosophie végane, la plus radicale d'entre toutes, semble se faire une place dans nos sociétés contemporaines. Opposés à la consommation d'animaux et de tout produit issu de leur exploitation (lait, oeufs, miel mais aussi cuir, soie, fourrure ou laine), à leur emploi dans la recherche scientifique, aux zoos, aux corridas ainsi qu'à toute forme de domestication, les défenseurs de la cause végane bouleversent et dérangent nos habitudes. Un débat nécessaire et passionnant qui ne laissera personne indifférent. Méryl Pinque, qui dirige cet ouvrage, est écrivaine et porte-parole de l'association Vegan.fr pour la promotion du véganisme abolitionniste. Elle a collaboré à plusieurs revues littéraires et universitaires. Avec les contributions des grands spécialistes internationaux de la cause animale : Gary L. Francione (professeur de droit et de philosophie), Valéry Giroux (juriste et philosophe), Patrick Llored (philosophe) et Gary Steiner (philosophe). Extrait Extrait de l'avant-propos «L'approche abolitionniste des droits des animaux soutient que tous les êtres sentients, humains et non humains, ont un droit : le droit fondamental de ne pas être traité comme la propriété d'autrui.» Gary L. Francione Bêtes humaines ? Ni l'un ni l'autre. La doxa présuppose que, du moment que l'on restitue aux animaux non humains leur dignité et leurs droits fondamentaux, du moment qu'on leur reconnaît une richesse de sentiments, d'émotions, d'intérêts propres et d'intelligence (mis en lumière autant par leur fréquentation quotidienne et leur observation naïve que par l'éthologie, laquelle ne fait jamais que «découvrir» et établir scientifiquement ce que leurs défenseurs savent de manière immémoriale), nous faisons de l'anthropomorphisme, alors que l'anthropomorphisme est fondamentalement une démarche spéciste en ce qu'il projette sur les animaux les seules caractéristiques humaines, ou attend que ces caractéristiques soient exactement les leurs pour leur conférer des droits (théorie de la similitude des esprits). Or, précisément, le temps est venu de rétablir les animaux non humains dans leur singularité et leur souveraineté inaliénable, de cesser de les définir en fonction de notre espèce qui s'est décrétée supérieure en soutenant que ses attributs seuls doivent prévaloir. De même que les Blancs ont pu s'affirmer supérieurs aux Noirs (racisme) et les hommes aux femmes (sexisme), les humains dans leur ensemble se considèrent supérieurs aux autres animaux en vertu de lois arbitraires et impitoyables qui sont celles du spécisme, alors que la civilisation suppose très simplement la reconnaissance de l'égalité de tous dans la différence de tous. Cette différence ne doit pas pour autant occulter le fait que les animaux humains et non humains appartiennent au même genos, qu'ils sont les uns et les autres des habitants de cette planète appelée Terre, qu'ils ont tous des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des nez pour sentir, des membres pour palper et des cerveaux pour penser. Le temps est venu de gommer la frontière arbitraire que nous avons tracée entre eux et nous, de pulvériser ce qui n'a jamais existé et que forgea le suprématisme humain. La théorie de l'évolution a démontré qu'il n'est pas de caractéristique qui nous soit propre. Il est temps de prendre acte que nous sommes des animaux comme les autres, et que les animaux non humains, de leur côté, sont, comme nous, des personnes morales en vertu de leur conscience, de leur subjectivité, de leur sensibilité, du fait qu'ils tiennent à leur existence tout comme nous tenons à la nôtre. Leur rendre leur dignité et leurs droits fondamentaux constitue le devoir de notre génération et des gé