Présentation de l'éditeur Pourquoi avons-nous des émotions ? Quelles sont-elles ? Comment naissent-elles ? Quelles sont leurs fonctions ? Comment l'environnement social interfère-t-il avec nos émotions? Banales à première vue, ces questions s'avèrent infiniment complexes dès que l'on essaie de cerner la nature exacte d'une émotion. « La psychologie des émotions », première partie de ce livre décapant, dresse un panorama synthétique des composantes d'une émotion. Longtemps laissée pour compte des recherches en sciences cognitives et en neurosciences, l'étude des émotions a bénéficié ces dernières années des avancées technologiques de la neuroimagerie, une discipline extrêmement jeune. Elles permettent d'appréhender désormais quelles structures du cerveau nous font avoir peur, être joyeux, mais aussi celles impliquées dans le contrôle de nos comportements connectés aux valeurs du groupe social. Les neurosciences des affects sont devenues un domaine de recherche à part entière. Elles posent crûment la problématique de la canalisation de l'activité cérébrale, des modifications possibles de notre comportement, de l'exploitation de nos émotions et de leur «régulation». Extrait Extrait de l'introduction L'homme est une créature éminemment sociale ; il est animé par le besoin de maintenir la cohésion de son groupe et la crainte d'être rejeté par ses semblables. Ces motivations et les émotions qui leur sont associées sont des aspects cruciaux de l'adaptation de l'homme à son environnement et serviraient sa survie. On peut aisément avoir une idée de l'importance de ces processus émotionnels si l'on considère les difficultés rencontrées par les personnes souffrant de troubles psychiatriques. En effet, si différents soient-ils les uns des autres, les troubles dits «mentaux» ont en commun d'être associés à des perturbations émotionnelles et à des anomalies du fonctionnement relationnel : peurs exagérées, comportements pathologiques d'évitement comme dans les phobies, absence totale de remords ou d'empathie, conduites de destruction d'autrui caractéristiques de la psychopathie... C'est d'ailleurs ces manifestations que ciblent les traitements, qu'ils soient médicamenteux ou psychothérapiques, leur objectif étant de diminuer l'anxiété, de stabiliser l'humeur, de tempérer l'impulsivité... Pourtant, si importantes que soient les émotions associées à ces facultés d'adaptation et de survie, elles ont longtemps été les laissés-pour-compte des recherches en sciences cognitives et en neurosciences. Elles étaient considérées comme trop périlleuses à étudier, du fait de leur caractère éminemment subjectif qui fait qu'elles ne pouvaient pas se prêter à une approche expérimentale en laboratoire, contrairement à d'autres compétences comme le langage ou la mémoire. De plus, la recherche des corrélats anatomo-fonctionnels des émotions a pâti de la conception cartésienne et dualiste selon laquelle le cerveau est le siège de l'esprit tandis que le corps est celui des émotions - l'esprit étant le propre de l'homme tandis que les émotions seraient communes à tous les mammifères, comme si les émotions étaient ce qui reste d'animal en nous. On peut rappeler que, si Aristote (384-322 av. J.-C.) a écrit que «l'homme est un animal social», il a également affirmé que le tempérament des individus s'expliquait par les capacités de refroidissement du cerveau, ce dernier servant à refroidir le sang surchauffé par l'agitation du coeur, centre des émotions. Biographie de l'auteur Sylvie Berthoz, chargée de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), est psychologue à l'Institut mutualiste Montsouris.Silvia Krauth-Gruber est enseignante-chercheuse au Laboratoire de psychologie sociale de l'Université Paris-Descartes. Elle a récemment publié en collaboration avec Paula M. Niedenthal et François Ric Comprendre les émotions : perspectives cognitives et psychosociales (Mardaga, 2009).