Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Paysages sauvages, faune, flore, architecture, Histoire et traditions : l'île Camargue dévoile ici ses nombreuses facettes. Tout le patrimoine camarguais est présenté à travers ce livre-panorama, y compris les hommes et les femmes du delta qui en incarnent l'âme. Une iconographie abondante illustre chaque thématique.
Les villes et villages marqués par l'Histoire, les myriades d'oiseaux hôtes de l'embouchure du Rhône, les manades de taureaux et leurs gardians, l'élevage séculaire des chevaux, mais aussi l'industrie saline, les lagunes et les étangs, la culture du riz, le peuple gitan : c'est tout cela l'héritage de la Camargue d'aujourd'hui. Les auteurs ont conçu leur ouvrage comme un véritable viatique pour entreprendre une découverte éclairée de ce terroir, de ses ressources et de son art de vivre. Le lecteur peut donc y puiser de nombreuses informations, des idées de visites et d'itinéraires.
Cet ouvrage vous permettra de tomber sous le charme d'une région qui, à l'image de sa nature et de ses habitants, ne se laisse pas apprivoiser sans respect, préservant farouchement ses richesses les plus secrètes.
Extrait
Extrait de la présentation de Lauriane d'Este, Professeur des universités, administratrice de la Société nationale de protection de la nature (SNPN) :
Camargue. Un nom qui résonne comme le martèlement du sabot d'un cheval au galop sur la terre mouillée. Comme le claquement d'un vol d'oiseau au raz de la surface plane des eaux. Comme le ressac infini de la mer sur le sable. Comme les hurlements du vent sur les enganes.
Camargue. Les souvenirs défilent en images. En parler est difficile, il faut y vivre, parcourir le lacis de ses roubines et de ses chemins qui vont nulle part, respirer l'odeur forte de saumure et de sel, écouter sa voix au fil des saisons. Des oiseaux, des taureaux, des chevaux libres depuis la nuit des temps sous un ciel immense. L'homme doit se faire discret, marcher sans troubler le silence de peur de déranger. De toute manière, il dérange. On a l'impression que l'horizon est sans limite, on se perd entre ciel et eaux. On en oublie presque la terre. C'est normal, l'été elle disparaît sous la blancheur du sel, l'hiver sous le miroir des eaux, au printemps et en automne elle ondule sous les touffes de saladelle bleue et mauve, d'enganes sombres, de tamaris échevelés. Le Rhône y a logé un lit qui vagabonde depuis des siècles entre Grand et Petit Rhône. Le traverser au Bac du Sauvage reste une aventure, il est déjà la mer, on se donne l'illusion du grand large. La mer, du reste, lui dispute la préséance, la mer si présente.
Je me souviens d'hivers au froid cru, de terres inondées où l'eau caressait le flanc de nos chevaux quand nous poursuivions les taureaux qu'il fallait ramener au sec au Cailar dans les camions. Au printemps, c'était la splendeur du Bois des Rièges où nous marchions presque sur les nids, dans une envolée de cris d'oiseaux. Il y avait aussi la balade à cheval le long des Launes, jusqu'au Pont du Mort sur le chemin du simbèu où nous attend toujours le tombeau du marquis de Baroncelli. L'été, après le travaille me souviens du retour des chevaux, libres de toute entrave que nous accompagnions sur la digue, à cru sur nos montures, le long de la mer, comme dans une fresque antique. Et en toute saison, la digue parcourue à cheval jusqu'à la Gacholle, Beauduc et Faraman : le bruit des vagues nous accompagnait, rompu par le cri lancinant des mouettes, l'envolée des flamands, des aigrettes ou des cols verts. La plage de sable était proche, y piquer un galop était une tentation vite mise à exécution, des gerbes d'écume jaillissaient sous les sabots des chevaux. C'était la joie lorsque nous étions adolescents, un peu fous, ivres d'espace.