Le Pitch
Présentation de l'éditeur
INTÉGRALE BRUSSOLO
TOUTES LES FACETTES DE LA PEUR ET DE L'ANGOISSE
Un psychopathe d'un genre particulier sévit à Los Angeles. Il enlève de jeunes femmes, mais, au lieu de les tuer, leur inflige d'étranges opérations chirurgicales gui, loin de mutiler ses victimes, leur confèrent des pouvoirs paranormaux.
Ce prédateur, fils d'un évangéliste fou, a en effet décidé de créer de ses mains une armée d'anges exterminateurs afin de purifier Los Angeles, la nouvelle Babylone, capitale de tous les péchés. Cette armée, taillée à la pointe du scalpel, se nommera : La brigade du chaos.
Extrait
Los Angeles, 2025.
Elle s'appelait Sarah, elle avait vingt-cinq ans. Elle était grande et mince avec de longs cheveux noirs que la transpiration du sommeil collait à ses épaules.
Elle s'agitait au creux du lit, s'entortillant dans les draps.
Presque toutes les nuits, depuis son accident, elle revivait la même scène jusqu'à ce que l'angoisse devienne trop forte et la ramène à la réalité dans une grande suffocation qui la faisait soudain se dresser au milieu de la literie trempée.
En ce moment, elle était suspendue au bout de la corde, les genoux frottant la pierre du mur, à trente mètres au-dessus du trottoir. Elle essayait de ne pas penser au vide, au crampon fiché dans la façade de l'immeuble, et dont toute sa vie dépendait. Les doigts crispés sur le pinceau, elle dessinait la bouche d'une grand-mère souriante en maudissant le soleil californien qui provoquait une dessiccation trop rapide de la peinture.
Oui, elle peignait cette bouche un peu fripée tandis que la fenêtre, à dix mètres au-dessus d'elle, s'ouvrait en grinçant. Elle savait qu'une main armée d'un couteau allait sortir dans une seconde pour sectionner le filin auquel elle était suspendue.
Dédoublée, elle enregistrait tout : le mur peint, la corde, la main et le couteau scintillant dans la lumière trop vive. Elle aurait voulu crier, mais elle restait là, à barbouiller le sourire de cette granny aux cheveux bleutés portant en triomphe un gâteau d'anniversaire orné de trois bougies. Elle allait mourir dans moins d'une minute, pour cette image de carte postale dans le plus pur style Norman Rockwell, et elle ne pouvait rien faire pour se défendre.
Les éléments du drame reprenaient leur ronde : le mur, la corde, la main, le couteau.
Elle rêvait... Elle rêvait du mur qui la dominait, falaise lépreuse percée de fenêtres aux carreaux sales. Cent mètres de hauteur sur cinquante de large. On la payait pour peindre cette façade, pour l'ornementer d'une grande fresque aux couleurs mièvres, «pastel», de ces couleurs que les psychologues de la municipalité affublaient du qualificatif «anti-stress». Tous les taudis de Los Angeles bénéficiaient désormais de la nouvelle politique d'embellissement lancée par les ecofreaks depuis que ceux-ci avaient pris le pouvoir aux dernières élections. Les slums, ces immeubles pourris des quartiers pauvres, étaient tous décorés de murais gigantesques. Des peintures naïves s'élançant depuis le trottoir jusqu'au toit, énormes barbouillages dont les sujets avaient été déterminés par un groupe de travail spécialisé dans l'étude des névroses urbaines.