La journaliste et rédactrice de la direction deTélérama Fabienne Pascaud retrace le parcours théâtral de la tribu Deschamps-Makeïeff depuis ses débuts dans les années 1970, une tribu sortie à la fois de Tati, Keaton, Grock, Chaplin, Beckett, Chaval… Le récit part des confidences de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps, de l’intime, du couple, de la famille, de leurs enfances, pour éclairer et retranscrire un théâtre hybride, sans texte, proche de l’oeuvre plastique, très connu grâce à la médiatisation des Deschiens, humain et populaire, qui met en scène, avec autant de douceur que de violence des personnages paumés, des exclus, des abandonnés. Ce récit est découpé en plusieurs thèmes lancés par Fabienne Pascaud autour desquels Macha et Jérôme s’expriment et racontent leur vie quotidienne et artistique, tels “solitude”, “rien (ou presque rien)”, “ré-enchanter le monde”, “ré-inventer le langage”, etc. Ce livre se présente aussi comme une compilation : page à page s’accumulent les tonnes d’objets savamment dénichés par Macha, les décors et les costumes des plus flamboyants aux plus austères, le chien, le vin, les chaises ; des bric-à-brac d’ustensiles défilent et font écho aux petits rituels dramatiques ou aux phrases répétées inlassablement (“on est bien” !) dans leurs spectacles. Dans le cahier central, sont présentées chronologiquement toutes les créations des Deschamps-Makeïeff, deBaboulifiche et Papavoine en 1973 au Théâtre national de Chaillot, la première mise en scène de Jérôme Deschamps, aux projets pour l’année en cours. Une place importante est faite aux comédiens, exceptionnels, venus d’ailleurs, recrutés au hasard de stages et de rencontres. Par ailleurs, une dizaine d’items écrits par Yannic Mancel, aux titres poétiques et évocateurs (“D’un désastre obscur”, “Dans l’écrin du huis clos”, “La parole accidentée”, “Qu’importe le flacon…”, “Le corps morcelé”) mettent en lumière, par le biais de nombreuses références à quelques philosophes, les principaux fondements et symboles de l’univers des Deschamps : le désastre (ou fiasco, ratage, échec) ; les décors faits de hauts murs marquant l’enfermement et le huis clos ; la définition sociale de leurs personnages ; leurs noms comme fondement de leur identité ; le charme poétique de leur accumulation d’objets ; leur handicap linguistique des personnages ; le vin divin ; la métaphore canine ; et les turbulences corporelles. Touchant aussi au cinéma, à la télévision, à l’opéra, aux livres, expositions, et même aux défilés de mode, sans oublier la restauration des chefs d’oeuvre de Jacques Tati et la direction de l’Opéra-Comique pour Jérôme, du Théâtre de Nîmes pour Macha (des cahiers photos présentent ces multiples activités), ce couple d’artistes a sans cesse osé d’autres chemins, d’autres arts, pour toujours étonner et émerveiller leur public. Le livre retrace cette aventure qui dure depuis plus de trente ans.Biographie de l'auteurMacha Makeïeff, née en 1953 à Marseille, est metteur en scène et codirige avec Jérôme Deschamps la compagnie Deschamps & Makeïeff qu'elle a fondée avec lui en 1978. Formée au Conservatoire d'art dramatique de Marseille, puis à la Sorbonne où elle étudie la littérature et l'histoire de l'art, sa rencontre avec Antoine Vitez sera décisive ; elle choisit naturellement la voie de la mise en scène. Aux côtés de Jérôme Deschamps, Macha Makeïeff écrit et met en scène plus de vingt spectacles et monte également des pièces.Directrice artistique du théâtre de Nîmes jusqu'en 2008, Macha Makeïeff s'illustre également à l'opéra avec la mise en scène de Mozart, Offenbach ou Darius Milhaud, menant en parallèle un travail d'édition et de diffusion des oeuvres de Tati au travers de l'association Les Films de m
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