Chronique d’une métamorphose : c’est ainsi qu’Imre Kertész a choisi d’intituler le journal qu’il a tenu entre 1991 et 1995.Ecrivain de l’ombre pendant quarante ans, Imre Kertész est désormais un personnage public dont les textes sont lus à travers le monde. Doublement traumatisé par l’expérience concentrationnaire puis par la mise au ban stalinienne, il se confronte, depuis l’effondrement du communisme d’Etat de la Hongrie, aux conséquences de l’inédite liberté qui lui est enfin échue. Aujourd’hui on lui demande d’être l’éternel témoin et garant de la mémoire de l’Holocauste, on l’invite en Allemagne, en France, en Italie, à Vienne et à Tel-Aviv. Lui-même, à soixante-dix ans, a voulu visiter des lieux de son passé ou découvrir enfin le visage réel d’une Europe qu’il n’avait jusqu’alors appréhendée qu’à travers son immense érudition.Sous l’influence de Wittgenstein qu’il traduit, Imre Kertész se rencontre et se cherche. Qu’est-il devenu ? Qu’est devenu le monde ? C’est en écrivain que Kertész transforme en autant d’illuminations, et surtout en véritables morceaux de survie, ces questions auxquelles se mêlent rêves et souvenirs, choses vues et expériences marquantes.Biographie de l'auteurImre Kertész est né dans une famille juive de Budapest le 9 novembre 1929. Il est décédé dans la même ville le 31 mars 2016.Déporté à l’âge de quinze ans à Auschwitz, il est ensuite transféré à Buchenwald puis au camp de travail de Zeitz. Il est libéré en 1945.Après avoir obtenu son baccalauréat en 1948, il commence à travailler en tant que journaliste pour le quotidien Világosság, puis il est licencié en 1951 quand le journal est proclamé organe du parti communiste. Après la barbarie nazie, il affronte le communisme totalitaire.C’est à partir de 1961 qu’il travaille au roman Être sans destin (Actes Sud, 1998), dont l’écriture lui prendra dix ans. L’ouvrage finira par paraître dans une petite maison d’édition en 1975. Son expérience des camps de concentration le marque profondément et imprègne toute son œuvre.En 1988 paraît Le Refus (Actes Sud, 2001), et en 1990 Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas (Actes Sud, 1995).Ecrivain de l’ombre pendant quarante ans, il vit avec sa femme dans un studio minuscule, en marge de la société hongroise, et gagne sa vie en rédigeant des comédies musicales et des pièces de boulevard. Après la parution de son premier roman, il effectue également des traductions (il a notamment traduit Nietzsche, Freud, Hofmannsthal, Canetti et Wittgenstein).Après la chute du Mur, il confie la gestion des droits de ses œuvres à un éditeur allemand. Dans les années 90, par l’intermédiaire de la version allemande de son œuvre, à l’élaboration de laquelle il participe avec minutie, il acquiert petit à petit une grande renommée, d’abord en Allemagne, puis dans le monde entier. En 2002, il reçoit le prix Nobel de littérature.La maladie de Parkinson dont il est atteint depuis 2000, constitue un nouveau défi tant physique que psychique. Cette expérience de la souffrance détermine la suite de son œuvre, la transformant en affrontement radical. C’est ainsi qu’il publie Sauvegarde, journal 2001-2003 (Actes Sud, 2012) première partie de son dernier opus L’Ultime Auberge (Actes Sud, 2015), qui rassemble l’ensemble de ses journaux de 2001 à 2009.
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