Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Un bordel huppé du centre-ville de Lausanne. 70 filles. La plupart d’entre elles ont 20 ans. Ce sont de jeunes Françaises d’origine maghrébine issues des banlieues parisiennes, lyonnaises ou marseillaises. Elles viennent ici 4 jours par semaine puis rentrent incognito dans leurs familles. Elles gagnent environ 15 000 euros par mois. Des sommes qu’elles ne peuvent pas rapatrier en France. Elles claquent leur paie en vêtements de luxe, sacs à main, chaussures, bijoux et opérations de chirurgie esthétique. Ce lieu clos est dirigé d’une main de fer par la patronne du lieu, une Française qui continue d’exercer comme prostituée. A Lausanne, les bordels se comptent par centaines, des lieux sécurisés et propres. L’argent y coule à flots. A priori, les filles sont libres d’y entrer et d’en partir quand elles le souhaitent, mais les choses sont bien plus sombres et complexes que cette apparente liberté. Le bordel, un lieu clos, hermétique au monde extérieur. Pour appréhender cette réalité, le récit est brut. Il relate une journée à l’intérieur du bordel. Les filles s’y entassent et tuent le temps en attendant les clients. Tous les faits relatés sont authentiques et les dialogues retranscrits sont réels.
Extrait
Extrait de l'avant-propos
Suisse, juillet 2012.
- Bonjour. J'ai rendez-vous avec Wanda.
- Elle est pas là. Vous venez pour un entretien d'embauché ? Je ne sais pas si elle reçoit des candidates ce matin.
La Bulgare me regarde de la tête aux pieds. Mon jean et mes baskets ont l'air de la laisser sceptique. Visiblement, elle est peu optimiste sur mes chances d'être embauchée.
- Non, je ne suis pas candidate. Je suis journaliste et je dois écrire un article sur le salon. Wanda est au courant.
- OK. Elle va arriver tout à l'heure. Elle est partie tard hier soir, on a eu des clients jusqu'à 4 heures du matin. Vous voulez que je vous fasse visiter le salon ? Je vais vous montrer les chambres. C'est calme, le matin, il n'y a pas grand monde.
Mon interlocutrice me dit s'appeler Audrey. Elle me montre le planning du mois de juillet affiché dans l'entrée du bordel, avec les jours de présence de chaque fille.
- Vous voyez, aujourd'hui il y aura vingt-six filles. Tout le monde s'est inscrit à l'avance, on choisit si on veut travailler le jour ou la nuit. Il y a deux équipes : soit on fait 9 h-21 h, ou alors la nuit, 21 h-9 h. Les filles, elles préfèrent travailler la nuit car il y a beaucoup plus de clients. On est toutes indépendantes ici. On reverse 30 % de ce qu'on gagne à Wanda, et le reste c'est pour nous.
- Et en ce moment, il n'y a pas de clients ?
- Le début de semaine, c'est toujours calme. Les clients, ils arrivent surtout à partir du jeudi soir. Et le week-end ça cartonne. C'est là qu'on gagne le plus, les nuits du vendredi et du samedi.
- Et les affaires sont bonnes ?
- Oui, ici on a de la chance. Le salon marche superbien. C'est parce qu'on est tout le temps ouverts, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours, même Noël et le 1er janvier. Et les clients savent que s'ils viennent ici, ils auront toujours le choix entre plein de filles. En plus, tout est propre, on change les draps entre chaque client. Les hommes, ils viennent que pour leur plaisir. Ici, tout est fait pour le plaisir des clients, il n'y a que ça qui compte. Il y a plein d'autres salons beaucoup moins chers en Suisse, mais les clients ils reviennent ici parce qu'ils sont plus en sécurité et que tout est très propre.
Je la suis le long du couloir qui sépare deux rangées de chambres. L'ensemble est moderne, carré, mais sans aucun charme malgré le velours rouge sur les murs. Le bâtiment doit dater des années 1980.
Visiblement, Audrey veut m'impressionner.
- Vous allez voir, je vais vous montrer les chambres. Il y en a quinze, elles sont toutes différentes, comme ça, le client, il peut choisir dans laquelle il veut baiser. Il y a une salle de bains dans toutes les chambres. Le client prend obligatoirement une d