Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Loin de haïr sa nouvelle patrie, Lydia Guirous, qui a fui la guerre civile en Algérie, raconte avec force et vivacité son parcours, entre rêve français et désillusions, engagement et lucidité.
Son livre est un pamphlet brûlant contre tous les communautaristes. Incapables de s'adapter, réfractaires et violents, ces derniers constituent le terreau de toutes les dérives, celles-là-mêmes qui ont donné les Mohamed Merah ou, plus récemment, les Mehdi Nemmouche. Autant d’intégristes qui la désignent, elle, la jeune femme bien intégrée, comme une « colla-beur »…
À travers des anecdotes tantôt savoureuses, tantôt grinçantes, elle raconte le traitement réservé aux femmes, le leurre de la double culture qui fait de vous des apatrides, le jeu trouble des politiques quels qu'ils soient, la responsabilité du FN qui, par ses discours, stigmatise les comportements communautaristes et les renforce.
Forte de son expérience et de ses convictions, elle propose des solutions pour aller de l’avant et parie sur un avenir lumineux et apaisé.
Extrait
Extrait du prologue
J'aime la chorba et la tête de veau, le boeuf bourguignon et le couscous, Matoub Lounès et Renaud. Ce livre est mon histoire, celui d'une jeune femme née en Kabylie, arrivée à Roubaix dans le nord de la France à l'âge de six ans pour fuir le terrorisme de la décennie noire en Algérie. Nous avions décidé de mener notre vie en France et de faire de la France notre pays. S'intégrer ? La question ne se posait pas. C'était une évidence, une volonté, un impératif. La France nous a accueillis à bras ouverts et aujourd'hui je doute que beaucoup d'autres pays le fassent avec autant de générosité. Du racisme, de la discrimination ? Oui il y en a eu, mais on m'a appris à l'ignorer pour avancer.
C'était en novembre 1989, nous arrivions en France, le mur de Berlin s'effondrait vingt-quatre heures après que nous avons posé nos valises... Le bicentenaire de la Révolution française était célébré et l'affaire du voile islamique de Creil faisait l'actualité... Vingt ans plus tard, c'est la burqa et le djihad qui occupent les esprits. Du voile à la burqa, cela sonne comme une défaite de la République face aux communautarismes. Nous avons perdu une bataille, oublié de descendre à la station République... Et les droits des femmes musulmanes et leur émancipation n'avancent pas.
Aujourd'hui, j'ai vingt-neuf ans et l'air me semble irrespirable. Ma France paraît être tombée dans un long coma. Attaquée, insultée, elle prend les coups sans réagir. Fini la générosité, la tolérance, la fraternité... Pire, la France serait raciste, discriminante, non méritocratique, et la laïcité serait de l'islamophobie... Car, aujourd'hui, on ne parle plus de racisme mais d'«islamophobie». De Roubaix, ville devenue la référence du communautarisme et du halal, j'ai vu ma France vaciller, s'oublier et abdiquer. La «communauté» maghrébine est manipulée et s'enlise dans le piège du repli identitaire. Ceux qui ont choisi la République sont violemment rejetés et insultés. Ils sont des «infidèles», des «traîtres», des «colla-beurs».
Dans le petit monde merveilleux des intégristes musulmans, être «colla-beur», surtout lorsqu'il s'agit d'une femme, est la pire des insultes. C'est bien pire que d'être une pute... C'est être une traîtresse qu'il faut punir et humilier en place publique comme cela a été tristement le cas à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour ces gens, toute personne d'origine maghrébine qui refuse le communautarisme et qui évolue avec un mode de vie français est un «collaborateur».
Aimer la France et la République est ainsi devenu dangereux dans certains quartiers. Une partie des enfants des quartiers difficiles est embrigadée dans l'obscurantisme et emprunte les chemins de l'islamisme radical, du djihad... et du rejet de la France. Ils ne se considèrent plus comme Français mais comme appartenant à la patrie des «Muslims», et au nom de l'amour de cette patrie virtu