Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Le récit s’ouvre sur le coup d’État d’Augusto Pinochet au Chili. Opposant à la dictature, le narrateur assiste à l’arrestation, la torture, et la mort de ses compagnons de lutte. En 1974, il s’exile en Allemagne de l’Est et rejoint rapidement un réseau de jeunes communistes. C’est là qu’il rencontre la fille du fameux révolutionnaire cubain Ulysse Cienfuegos (directement inspiré de Fernando Flores Ibarra, cacique de la révolution castriste, responsable de la mort de centaines de Cubains « contre-révolutionnaires »).
Éperdument amoureux d’elle, il accepte de la suivre à Cuba pour y fonder une famille et enfin vivre l’idéal communiste. Exalté par l’idée de la révolution, dirigé d’une main de maître par son terrible beau-père, le jeune homme embrasse immédiatement la devise de Castro : la patrie ou la mort. Alors que son mariage bat de l’aile, il découvre petit à petit la face cachée du régime. Les membres de la famille Cienfuegos vivent dans l’opulence, le reste de la population est soumise au rationnement. Chaque frein administratif ou bureaucratique est réglé en un clin d’œil à la seule mention du nom de son beau-père. Son amitié pour Herberto Padilla l’éclaire sur les persécutions dont les intellectuels font l’objet. Mis au ban de la société castriste par son divorce, il découvre le quotidien des habitants de La Havane, les privations, le secret, le néant des jours. Se méfier de tous, lutter pour trouver un toit, un morceau de pain, surveiller ses actes, ses paroles, jusqu’à ses pensées, à chaque instant. Une seule obsession le guide, comme Reinaldo Arenas ou Zoé Valdès avant lui, quitter l’île, chercher la liberté, encore. Avec esprit, entre mélancolie et humour, Roberto Ampuero raconte la quête d’un idéal. Très chaleureusement salué par la critique hispanophone,
Nuestros años verde olivo est resté 24 mois sur la liste des best-sellers et a été salué par Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature.
Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet
Extrait
25 janvier 2010
Cher Roberto,
J'ai été très heureux de te rencontrer et regrette seulement que, dans le tourbillon de Santiago, nous ayons à peine pu échanger quelques mots et ne pas avoir la longue conversation que j'aurais aimée. Toutefois, il me semble avoir dialogué en vrai avec toi tous ces jours derniers, pendant que je lisais Quand nous étions révolutionnaires, que je viens de terminer. Je t'écris ces lignes pour te féliciter de ce magnifique témoignage littéraire qui m'a profondément ému. Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant absorbé et bouleversé. C'est une description honnête, véridique et lucide de cette illusion que nous avons partagée, comme tant de Latino-Américains, avec la Révolution cubaine. Puis il y a eu le désenchantement qui a suivi l'enthousiasme initial quand nous avons constaté, contrairement à ce que nous croyions, que la Révolution de Fidel et de ses guérilleros n'était pas différente de celles qui ont fait de la Russie et de la Chine populaire les dictatures que nous connaissons. Ton livre décrit admirablement tout ce mécanisme autoritaire qui a, peu à peu, étouffé les principes de liberté et de justice des premiers temps et transformé Cuba en une société corrompue, où le mensonge a fini par rendre la vie impossible à tous ceux qui refusaient d'accepter la servitude et la trahison. Dans le même temps, le personnage principal et narrateur de l'histoire, en dépit de toutes les concessions qu'il doit faire pour survivre, ne perd jamais sa dignité et cet idéal de justice qui lui permettent de maintenir une petite lueur d'espoir au milieu de cette déprimante réalité.
Un peu avant l'époque évoquée dans Quand nous étions révolutionnaires, je me suis rendu cinq fois à Cuba, où j'ai vécu une expérience moins traumatisante, bien entendu, mais assez semblable à celle de ton personnage, et où j'ai rencontré et fréquenté bon nombre de protagonistes de ton histoire. Heberto Padilla, surtout, que j'ai