Présentation de l'éditeur A la suite de ses précédents travaux, qui ont particulièrement illustré l'armée romaine, la Gaule et l'Afrique antique, Yann Le Bohec livre une vaste réflexion sur l'Empire romain, de sa naissance à la fin du Ier siècle av. J.-C. à sa mort au Ve siècle apr. J.-C. Il suit la chronologie pour aborder de façon thématique et pédagogique les principales facettes de cette civilisation : institutions civiles, armée, économie, société, vie quotidienne, culture et religions. Traitant tout à la fois de Rome, de l'Italie et des provinces, en s'appuyant sur les progrès de l'épigraphie, de l'archéologie et de la recherche en général, il aborde notamment la crise du IIIe siècle, ainsi que la renaissance du IVe siècle et ses limites. Sa réflexion insiste sur les évolutions et sur la notion de temps permettant d'appréhender les changements qui ont pris place au cours des six siècles concernés. Ce chemin le conduit naturellement à deux questions : quand et pourquoi l'Empire romain est-il mort ? S'appuyant sur une illustration abondante, il retrace la destinée de l'Empire romain et en restitue la vie et l'esprit dans une synthèse originale qui évite les thèses préfabriquées. Yann le Bohec est professeur émérite (histoire romaine) de l'université Paris-Sorbonne (Paris IV). Extrait HISTOIRE D'UN EMPIRE De très bonnes histoires de l'empire romain ont été publiées dans le passé ; elles ont été écrites, pour limiter notre propos au domaine de la langue française, par André Aymard, Pierre Grimal et Paul Petit, et elles se lisent toujours avec plaisir et avec fruit. Il faudrait sans doute leur ajouter des manuels qui ont été rédigés à l'intention des étudiants débutants et qui ne sont pas toujours sans intérêt. De plus, les amateurs d'érudition trouveront des ouvrages analogues, mais plus austères et moins accessibles, dans des collections spécialisées. Alors, pourquoi leur ajouter un nouveau titre ? Deux raisons ont dicté ce choix ; elles relèvent l'une et l'autre de la volonté d'écrire un livre différent, sortant des traditions universitaires du XXe siècle, voire du XIXe siècle. C'est que la recherche historique a fait des progrès, grâce à l'archéologie, notamment mais pas exclusivement, et surtout grâce aux progrès de la réflexion. D'une part, en effet, des objets et des inscriptions, des monuments et des villes ont été découverts. Et bien des sites déjà connus ont été fouillés une deuxième fois, ce qui a permis de préciser des analyses et de trouver des éléments qui avaient échappé à leurs inventeurs. D'autre part - et c'est sans aucun doute le plus important - la conception de ces ouvrages anciens est dépassée. Ils se bornent aux grands thèmes historiques (institutions, économie, société, lettres et arts), avec en plus un peu de chronologie chez Paul Petit. En fait, il faut tenir compte de nouvelles problématiques, davantage qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Et, en priorité, de l'évolution. Il n'est pas sans mérite de découvrir le «temps long» de Fernand Braudel : depuis le Néolithique jusqu'à la Révolution industrielle, le pain et donc le blé sont restés à la base de l'alimentation des hommes. Mais, contrairement à beaucoup de nos contemporains, parfois négligents ou oublieux, surtout quand il s'agit des nuances, nous voudrions rappeler que ce même Fernand Braudel avait aussi décrit un «temps moyen» et un «temps court». Ainsi, des instruments agricoles ont fait leur apparition (temps moyen) et des crises alimentaires ont frappé les humains (temps court). Le Principal La notion de temps court est particulièrement importante pour l'histoire politique, pour trois raisons. ° Il est couramment admis maintenant que le Principat ne fut pas une monarchie «absolue». Certains savants actuels, spécialistes de l'époque moderne, refusent d'ailleurs d'appliquer cette expression au siècle de Louis XIV ; a fortiori ne peut-on l'employer pour Rome ; il faut en reconnaître le caractère inadéquat. Tout d'a