Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Combien y a-t-il eu de personnes fusillées par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale en France ? Les chiffres ont souvent varié : on a parlé de 10 000 fusillés, puis de 80 000... en confondant souvent toutes les victimes des forces d'Occupation : morts au combat, otages, exécutés sommaires, massacrés, fusillés après condamnation à mort.
Qu'en est-il en réalité ? Pour la première fois, un ouvrage procède à une étude minutieuse d'un phénomène qui touche l'histoire et la mémoire de la Résistance. En fait, environ 4 000 personnes ont été fusillées comme otages ou après condamnation à mort.
Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty montrent les raisons qui ont entraîné une surestimation du nombre de fusillés. Ils retracent les conditions qui ont amené des hommes, otages ou résistants, à être arrêtés, emprisonnés, condamnés à mort, puis fusillés. Ils mettent à jour la stratégie répressive des diverses autorités allemandes et de Vichy, et décrivent le sinistre parcours qui conduit les condamnés devant le peloton d'exécution : la dernière lettre, La Marseillaise et l'Internationale entonnées sous la mitraille, les corps que l'Occupant cherche à faire disparaître pour tenter d'empêcher que les défunts ne deviennent des martyrs.
Sans vouloir établir de hiérarchie entre les victimes de l'Occupation nazie, mais en s'attachant à comprendre la réalité de la répression qui a conduit des résistants et des otages à être condamnés à mort puis exécutés, ce livre éclaire un point majeur de l'histoire de l'Occupation en France.
Jean-Pierre Besse est professeur au lycée de Creil, docteur en histoire. Il a été correspondant de l'Institut d'Histoire du Temps présent (IHTP). Il est l'auteur principal du cédérom La Résistance dans l'Oise. Il collabore également au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier édité par les Éditions de l'Atelier.
Thomas Pouty prépare une thèse d'histoire sous la direction de Jean Quellien, professeur à l'université de Caen, sur «La répression par mise à mort en France occupée».
Extrait
Extrait de l'introduction :
Grâce aux recherches historiques menées ces dernières années, l'arsenal législatif et réglementaire, les organes et les mécanismes de la répression allemande et vichyste entre 1940 et 1944 sont désormais mieux connus. Cependant, soixante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le décompte des victimes n'est pas encore arrêté et reste l'une des principales lacunes de l'historiographie française.
Pourtant entamées dans le contexte immédiat de l'après-guerre, des études sur les victimes, et plus particulièrement celles du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale sur la déportation, n'ont jamais vraiment pu voir le jour et se sont avérées trop incomplètes pour pouvoir satisfaire une opinion publique aussi bien désireuse de connaître les chiffres de sa souffrance, que rétive à l'idée que ceux-ci puissent amoindrir la vision qu'elle avait alors de la répression.
Avec la publication, sous l'égide de la Fondation pour la mémoire de la déportation (FMD), du Livre Mémorial des Déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution, 1940-1945 et les travaux menés dans le cadre du Centre de recherche d'histoire quantitative (CRHQ) de l'université de Caen, nous disposons désormais, en ce qui concerne la déportation, de données chiffrées. Le Livre Mémorial conduit en effet à une réévaluation du nombre des déportés par rapport aux statistiques et travaux antérieurs. Dans la présentation générale de l'ouvrage, François Perrot et Claude Mercier s'en expliquent. Les résultats, 86 827 déportés non raciaux, sont cependant inférieurs aux chiffres de 200 000 victimes avancés par les associations et les publications du monde combattant et dont on trouve l'expression sur le Mémorial national de la Déportation dans l'Ile de la Cité, à Paris.
Outre cet apport quantitatif inédit sur la question, le travail de la FMD se démarque aus