Echenoz boucle cette «effroyable boucherie» de 16 millions de morts en un récit de 150 000 signes qui totalise à peine 124 pages.

Précis, grave, fulgurant roman où six destins humains éclairent le chaos d’un monde délétère.

Echenoz brosse un portrait de cet Anthime qui n'est pas sans rappeler ses fictions biographiques: en quelques phrases courtes, ciselées, gentiment ironiques, la photo est prise.

Ce nouveau roman concentre et synthétise le meilleur de l'écriture échenozienne. Et si son titre ne laisse d'abord aucun doute sur la période à laquelle il renvoie, on ne peut manquer de s'étonner ensuite qu'il se limite à cette seule première année de combat.

Un humour un peu désespéré, la politesse des pauvres, un grand sens de la narration, une originalité qui permet à l’auteur de glisser un chapitre sur les animaux entre les autres qui rebondissent de l’un à l’autre. […]14 est à lire absolument.

Jamais Echenoz ne hausse le ton ni ne flirte avec le pathos. Mais son économie d’écriture, avec ses images millimétrées et sa langue pesée au trébuchet, fait ici merveille. Son 14 s’inscrit comme #8232;une œuvre de toute première force sur le thème de #8232;la Grande Guerre.

La guerre détruit ce que le livre soude. Quelle connerie, disait Prévert. Echenoz ne l’écrit pas. Mais son talent de miniaturiste s’acharne à le montrer. En ce sens, l’exercice de style est, comme la mort, un acte du cœur.

Une méditation sur la destinée de l'individu, celui ­aussi des générations. Portée par une phrase qui atteint aujourd'hui sa perfection. Maîtrisée, renversante, superbe jusque dans ses feints relâchements, ses moments d'apparente et grisante désinvolture [...].

Refusant l’emphase tragique, mais imprégné d’un indicible chagrin, un fatalisme énoncé à mi-voix, Jean Echenoz nous livre une admirable méditation sur la destinée de l’individu.