Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Comment refaire surface quand votre mari est parti en prenant soin de vous mettre la tête sous l'eau ? Marie et Catherine, mères solitaires, poursuivent leurs trajectoires amoureuses entre humour grinçant et amitié indéfectible. L'une, Catherine, vient d'être abandonnée par son mari après vingt ans de vie conjugale. L'autre, Marie, vit seule avec ses deux enfants depuis bientôt dix ans ; deux femmes qui ne sont pas au même chapitre de leur existence. Catherine exprime sa souffrance et la haine qu'elle éprouve envers celle qui lui a pris son mari. Marie observe le chagrin de son amie avec le recul qu'elle a acquis. Catherine se remet, trouve du travail et un amant. Marie mène une vie plus sereine – en apparence. Le divorce est loin, elle s'entend bien avec son ex-conjoint. Elle vit une relation compliquée avec un homme marié qu'elle a du mal à quitter et oscille entre nostalgie de la vie à deux et plaisir des rencontres clandestines. Chassé-croisé de femmes d'une génération fragilisée, celle du divorce, ce roman à deux voix nous entraîne dans les cavales de ces héroïnes loufoques, grandes sœurs de Bridget Jones, qui font ce qu'elles peuvent à défaut de faire ce qu'elles veulent. Un roman attachant, d'une drôlerie qui serre parfois le cœur.
Extrait
Marie
Le marché du dimanche
Dimanche matin signifie sommeil, grasse matinée, rêves de femme, mère indigne qui se prélasse contre ses oreillers tandis que ses deux enfants regardent la télévision depuis l'aube.
La porte de ma chambre s'ouvre brutalement, me tirant d'un songe érotique, et Anouck, ma petite fille, se jette sur moi en criant : «Tom ne veut pas que je regarde MTV, c'est pas juste !»
C'est l'heure. Quelle heure ? Je cligne des yeux vers le réveil, les lunettes ne sont pas à portée de main. Je parviens à déchiffrer : 11 h 30. Deux solutions : enlacer Anouck perfidement en murmurant «viens faire un câlin à maman», la forcer à dormir contre moi puis repartir dans un coma programmé, ou en profiter pour me lever et filer au marché avant qu'il n'y ait plus rien.
- Oh ! Ma toute belle ! Tu as les pieds glacés, viens te réchauffer contre mamounette, tu as encore oublié de mettre tes pantoufles ce matin, tu vas attraper un rhume.»
Mère indigne à tous les niveaux. J'abandonne mes enfants devant des idioties matinales ; ils errent à demi-nus dans l'appartement, ils seront malades et ce sera de ma faute. Impossible de résister à un câlin dominical avec Anouck, nous nous dévorons de baisers. Elle me regarde et chuchote : «maman !». Un «maman» d'adoratrice, un «maman» d'amour absolu, un moment qu'aucun homme ne me donnera jamais. C'est drôle. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vrai : je crois qu'aucun être humain ne m'aime autant que ma fille. Pour elle, que je sois dans ce pyjama délavé ou en robe sexy, aucune différence : je suis son ange, l'ange somnambule du dimanche matin.
Il est temps de s'habiller et de partir au marché pour nourrir la meute : robe ou pantalon ? Coup d'oeil par la fenêtre, temps radieux : robe. Mais, deuxième coup d'oeil aux jambes non épilées : collants. Seuls collants non filés : les bas résille. Alexis dit toujours, quand il me voit ainsi : «Tu as mis tes jambes en prison».
Jambes carcérales et robe noire moulante, maquillage pour me donner du moral : je suis prête, j'empoigne le caddie,
Le marché de Boulogne... Des petits vieux promènent leur chien, des couples remorquent des poussettes remplies de bébés braillards... des hommes qu'on ne voit jamais en semaine me font craquer lorsqu'ils énumèrent leur liste de légumes ou de fruits.
De vraies familles ?
Biographie de l'auteur
Valérie Pineau-Valencienne a publié un essai en 2000, Une cicatrice dans la tête et un premier roman, Chronos blues. Corinne Bellier est professeur de lettres classiques.