Présentation de l'éditeur Mars 1939, les républicains espagnols fuyant le franquisme sont accueillis en France ... par des barbelésEn ce mois de mars 1939, devant les colonnes de réfugiés espagnols les septfontois sont partagés: curiosité pour tous, méfiance – la plupart - , sympathie, de la part d'une minorité et pour certains une hostilité très forte qui perdurera pendant des années. Le premier convoi- un millier d'hommes environ- arrive en gare de Caussade, le 4 mars. Il est prévu deux trains par jour. Les miliciens sont escortés, tels des prisonniers ou des malfaiteurs par les soldats français "à cheval, avec sabre et mousqueton mais sans cartouche, un soldat tous les vingt cinq mètres ". Ils ont tout perdu; la guerre bien sûr et aussi leurs biens, leur famille et leur liberté, ils n'ont plus nulle part où aller. Le pays de la Révolution Française qu'ils admirent tant, leur offre, pour tout abri, quelques hectares de boue entourés de barbelés. Rien n'est prêt pour les accueillir. Extrait 6 mars 2010. Une centaine de personnes sont réunies devant la petite gare désaffectée de Borredon, en Tarn-et-Garonne. Tous sont chaudement vêtus : le ciel est d'un grand bleu, le soleil éclatant mais il fait froid. Ils s'apprêtent à refaire à pied, soixante et un ans après, le chemin suivi en mars 1939 par des milliers de soldats de l'Armée Républicaine Espagnole que les autorités françaises allaient enfermer «au camp de concentration» de Judes. Des drapeaux de la République Espagnole - trois bandes horizontales, violet, jaune et rouge - et un drapeau catalan flottent au vent. Parmi les marcheurs, descendants de républicains, quelques vieux messieurs, anciens internés du camp. Le camp de Judes a été rasé il y a longtemps mais, dans leur mémoire, il est toujours là. L'arrivée des Espagnols Un tableau évoque l'arrivée des républicains espagnols à Septfonds. Récemment rénové, il orne un des murs de la petite salle de réception de la mairie. L'artiste qui a réalisé ce tableau au printemps 1939, Josep Ponti Musté, fut l'un d'entre eux. Des tons gris, du brun, du noir même, un sol boueux, des toits enneigés, des platanes aux branches nues, un ciel bas, on est en hiver, la fin d'un hiver particulièrement rude, celui de 1939. On reconnaît, à l'arrière-plan, l'église St Biaise, la porte de la ville, détruite depuis longtemps, les vieux platanes bordant «la nationale», tout cela dans une perspective qui n'existe pas en réalité. (...) Biographie de l'auteur Colette Berthès a passé son enfance et sa jeunesse dans le bas Quercy entre Lot et Tarn-et-Garonne, en particulier à Septfonds et Montauban. Elle a ensuite vécu à Paris et au Moyen Orient avant de revenir " au pays ". Mille métiers, de la Poste aux services sociaux en passant par l'animation socio-culturelle, la formation, le travail auprès de réfugiés et même France Télécom ! Elle est engagée dans plusieurs associations, en particulier Lutte pour la Justice, qui se bat pour l'abolition de la peine de mort aux Etats Unis. " L'exil et les barbelés " est son troisième ouvrage.