Sébastien Vastra opère ici un traitement animalier à la Blacksad : les animaux ne sont pas là pour faire rire, car non, les personnages ne sont pas mignons : le lecteur découvre un vrai récit de genre, privilégiant les ambiances sombres. Les cases suintent, les personnages transpirent, on ressent presque les courants d’air iodés, les haleines imbibées de rhum.

Pour ce premier tome, l'auteur reste assez fidèle au roman, prend son temps pour installer l'intrigue et nous présenter ses pricipaux protagonistes. Ce n'est d'ailleurs que dans le dernier quart de l'abum qu'apparaît... Kong John Silver. Kong ? Oui, en effet, car Sébastion Vastra a choisi d'offrir à sa superproduction une distribution animalière, ou plutôt zoomorphe à la manière d'un Juanjo Guarnido pour Blacksad, ou, dans un style plus humoristique, d'un Benoît Sokal pour Canardo. Kong John Silver est donc un gorille !

Le point fort de cet album, en particulier pour ceux qui connaissent déjà l’histoire, se situe au niveau du graphisme. Tout d’abord, le dessinateur a recours à un univers animalier pour représenter les personnages et certains protagonistes – Pew, Flint, Kong John Silver, Bill Bones – ont fière allure. Mais ce qui frappe vraiment, c’est la mise en couleur à l’aquarelle appliquée en lavis qui crée des atmosphères palpables à travers une vraie maîtrise des effets de la lumière sur la matière.

Porté par une élégante voix off et un dessin précis et vivant, ce premier tome se dévore avec gourmandise.

Vous l'aurez compris, Sébastien Vastra nous offre sa version de L’Île au Trésor de Robert Louis Stevenson. Et cette version est bien plaisante à lire mais aussi à regarder.

Dès les premières pages de cette adaptation, nous sentons que Vastra ne va pas dénaturer l'oeuvre de Stevenson. Au contraire, il lui rend un très bel hommage. Son découpage est très bon. Il fait ressortir au mieux et au plus juste l'importance de ce livre.