Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Une collection innovante et rafraîchissante qui s'approprie
les codes du vintage pour raconter l'histoire autrement.
Avec 3 niveaux de lecture : des images du début du XXe siècle, un texte
courant historique et des légendes anecdotiques, chaque livre peut
se picorer à l'envi. Des petits livres objets à offrir ou à " s'offrir ", tant
pour le design que pour le contenu.
Nantais d'origine, Dominique Bloyet est journaliste à Presse Océan
depuis plus de vingt ans, adjoint au chef de la rédaction locale
de Nantes et responsable de la chronique hebdomadaire "Histoire
de mémoire". Passionné par sa ville, il est l'auteur de nombreux
ouvrages sur l'histoire de Nantes.
Extrait
NANTES, UNE MÉTROPOLE BERCÉE PAR L'EAU
L'ancienne cité gallo-romaine des Namnètes tire depuis toujours son énergie et son dynamisme de ses eaux nourricières : la Loire, bien sûr, et ses deux rivières l'Erdre et la Sèvre nantaise. Pillée au IIIe siècle par les barbares, reconstruite, puis rasée au ixe siècle par les Vikings, la ville s'est toujours redressée. Devenue capitale des ducs de Bretagne dont elle abrite la cour, elle n'a eu de cesse de renforcer ses fortifications tout en développant son port. À partir du XIVe siècle, Nantes entretient des lignes régulières avec les grands ports européens, au Portugal, en Espagne, en Angleterre et en Hollande. À la fin du XVIIe siècle, avec la colonisation des Antilles s'ouvrent de nouveaux marchés plus que prospères. Comme Bordeaux, Nantes bâtit sa fortune sur le trafic triangulaire qui repose sur le négoce d'esclaves. Les bateaux quittent Nantes les cales chargées de toiles indiennes, de verroterie et d'armes qu'ils échangent sur les côtes africaines contre des esclaves noirs, hypocritement appelés «bois d'ébène». Puis ces derniers sont revendus aux riches planteurs des Antilles, notamment de Saint-Domingue. Les bateaux rentrent alors à Nantes, pleins de sucre, épices, café et tabac.
Au début du XXIIIe siècle, Nantes est devenu le premier port de commerce du pays. Quelque 2000 navires le fréquentent chaque année. Les manufactures s'y développent, attirant une population laborieuse importante. En un siècle, le nombre d'habitants passe de 40 000 à 80 000 âmes.
La ville commence alors à changer de physionomie. Elle procède à la destruction des fortifications et pousse vers les anciens faubourgs. De superbes hôtels particuliers sont édifiés sur ses nombreux quais et sur l'île Feydeau ; de nouveaux quartiers sortent de terre à l'ouest et à l'est. La vie culturelle est bouillonnante. Le mouvement est maintenant enclenché et l'urbanisation de la ville ne s'arrête pas. Après la Révolution marquée, au moment de la Terreur, par la présence du sinistre Carrier, le représentant de la Convention qui fait couler en Loire des barques pleines de royalistes, la ville est aux mains des riches négociants. Ils suivent l'exemple de leurs aînés et lancent de nouveaux travaux d'embellissement, à l'image du passage Pommeraye.
Au XIXe siècle, la ville industrielle prend le dessus. Souvent liées directement ou indirectement au port, de nouvelles activités apparaissent : les conserveries, les biscuiteries, les brasseries, les raffineries de sucre, les distilleries et bien évidemment les chantiers navals qui occupent les deux rives de la Loire. C'est aussi l'époque où la ville accueille le chemin de fer et se dote d'un véritable réseau de transports en commun, le premier de France à utiliser le tramway.
Mais après la Première Guerre mondiale, la ville se détourne de ses eaux. Les comblements de l'Erdre et des bras de Loire en changent totalement la toponymie et Nantes perd son onirique image de Venise de l'Ouest pour se hisser au rang de métropole.