Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Vous pensiez tout savoir sur les Beatles ?
Avril 1970. Par un simple communiqué de presse, Paul McCartney annonce la séparation des Beatles. Tragédie pour des millions de fans, c'est aussi un geste symbolique, qui marque la fin d'une époque bénie. Et, paradoxalement, le début d'une des périodes les plus passionnantes et les plus mal connues de l'histoire du groupe. Les Beatles, leurs familles, leurs entourages vont en effet vivre à partir de cette date une cohabitation forcée, riche en conflits et en tragédies de toutes natures. C'est à ces quatre décennies, négligées par la plupart des biographies des Beatles, que Peter Doggett a choisi de consacrer la sienne. À partir de centaines d'heures d'entretiens avec les principaux protagonistes de cette histoire édifiante, il nous livre des révélations surprenantes, de multiples anecdotes inédites, et nous entraîne dans les coulisses d'une aventure humaine unique et déchirante, celle de quatre garçons réunis par l'amour de la musique, séparés par un succès sans précédent. Depuis la rivalité shakespearienne qui oppose les clans Lennon et McCartney, jusqu'aux difficultés de Georges Harrison et de Ringo Starr à se forger une identité hors du groupe, en passant par les impitoyables luttes de pouvoir au sein d'Apple Corps, symbole de la contre-culture dans les années soixante, devenue depuis un véritable empire financier, c'est à une véritable épopée qu'il nous convie ici.
Extrait
Les Beatles avaient un tel talent qu'ils se sont donné tous les moyens d'exprimer leur véritable conscience artistique. C'est ainsi qu'ils ont pu maintenir le groupe à flot : parce qu'ils pouvaient échanger des propos acerbes ou se faire des vacheries en toute liberté. Ils pouvaient rejeter certains aspects mièvres d'une chanson pour en tirer un travail superbe et ciselé. Ils avaient une manière bien à eux de gérer les faiblesses des uns et des autres, de sorte que seuls leur force et leur talent émergeaient.
Derek Taylor, attaché de presse d'Apple
Dès 1963, le journaliste Stanley Reynolds suggéra que les Beatles étaient «sur le point de disparaître des hit-parades pour rejoindre Helen Shapiro au paradis des merveilles éphémères [...] leur musique était excitante mais elle a fait son temps». Et du temps, elle en aura fait, malgré ce genre de rumeur persistante qui s'élevait dès qu'un album n'atteignait pas le top du classement ou que des places vides étaient repérées dans les stades où les Beatles avaient un jour fait salle comble.
L'hiatus de neuf mois qui suivit leur dernier concert, en août 1966, masquait une transformation dans la vie des Beatles. À la fin du printemps 1967, ils bouclèrent un album largement proclamé comme étant l'une des pierres angulaires de la musique du XXe siècle. Presque simultanément, ils se lancèrent dans un projet commercial dont le but premier était de contourner la forte imposition dont ils allaient faire l'objet mais qui prit bientôt la forme d'une véritable utopie. Les Beatles avaient mis au point un audacieux fantasme : quatre musiciens pop allaient restructurer le système capitaliste. Ils rêvaient d'un monde où la créativité fleurirait, libérée des contraintes du commerce ; où l'art et les affaires seraient liés en une heureuse union; où la société pourrait être transformée, non par les armes ou les bulletins de vote, mais par les Beatles et le pouvoir cosmique conféré à leur nom. Au lieu de cela, ils bâtirent une entreprise-prison qui finirait par saper leur vitalité et leur volonté de survie, et à laquelle ils ne pourraient échapper, même une fois oubliés leurs rêves utopiques.
Pendant l'été 1967, les Beatles étaient les princes de la culture populaire. Sgt. Pepper, sorti en juin, incarnait l'époque en version miniature : bariolée, excentrique, décadente, enjouée, solipsiste, bouillonnante. Seules les dernières mesures de «A day in the life», avec leur crescendo orchestral menaçant et leur ambiance de paranoïa surréaliste, obscurcissaien