Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Au fil d'affaires judiciaires marquantes, tantôt sordides, tantôt émouvantes, l'auteur se livre à une analyse des femmes, bourreaux ou victimes, avec cette ambiguïté des rôles et des postures qui anime tout accusé lors d'un procès d'assises. Dans l'inconscient collectif, tout crime de femme ne peut que surprendre et choquer, parce qu'elle symbolise le sacré de l'enfantement, et qu'elle ne peut donner la mort car elle est l'icône, censée donner la vie. Et pourtant, chez la plupart des criminelles, un chaos mental, soudain et imprévisible, gomme toute fragilité, toute compassion et tout affect, et abolit tout terrain émotionnel avant l'inhumain. Leur passage à l'acte investit, de plus en plus, celui des hommes, dont elles adoptent le comportement rituel, tout en gardant leur spécificité de femme, à travers une détermination sans failles, empreinte de séduction et de manipulation. Une autre femme, placée au cœur du procès, vous invite, à travers cet ouvrage, à pénétrer dans l'antre des cours d'assises, à travers des affaires vécues dans toute leur détresse, dans toute leur horreur; sans filtres, sans écrans. Avocate générale, elle décrypte les actes pathogènes, " l'anormalité sociale ", l'humain au féminin. Les rôles respectifs des bourreaux et des victimes ne sont-ils pas, en effet, destinés à s'interpénétrer, à travers un effet miroir hallucinant, où les déviances des uns renvoient au regard des autres, à leurs blessures secrètes, à leur douleur indicible, à leur passé souvent chaotique.
Extrait
Extrait de l'avant-propos
On m'appelle, couramment, Maître. C'est la signification usuelle que l'on attribue au vocable d'avocat général, assimilant ainsi la magistrature au barreau, au sein d'une confusion terminologique.
Être avocat général consiste à prendre la défense de la société et requérir une peine en son nom devant la cour d'assises, ayant été désigné, par ses instances hiérarchiques, pour venir soutenir l'accusation ; un procédé de pure forme, puisque la teneur de nos réquisitions est laissée à notre libre appréciation.
La robe rouge, d'origine royale, et la robe noire, en référence au clergé, sont réunies en un seul vêtement, que portent les magistrats de la cour d'appel.
Ce rituel ne peut que symboliser la pérennité des acteurs judiciaires qui traversent les siècles, indifférenciés dans leur uniformité costumière, et garants de la continuité du pouvoir judiciaire.
La toque, ronde, en velours, figure la couronne du monarque, avec ses attributs de droit divin.
La chrétienté n'est pas en reste, avec les idées de rachat, de rédemption, et de réinsertion du criminel.
Notre justice est pourtant entrée dans l'ère du séculier, où toute inféodation au pouvoir monarchique comme à la puissance ecclésiastique n'est plus de mise.
Ses traditions, cependant, ont la vie dure, et éloignent, quelque peu, le justiciable qui peut percevoir, dans le cérémonial judiciaire, une volonté d'opacité corporatiste, comme de toute caste.
Et, pourtant, les procès sont publics, les jurys populaires, les décisions des cours d'assises relayées par les médias. C'est de cette justice, à l'échelle humaine, et proche de ses citoyens, dont je veux vous parler ; une justice surtout centrée sur les femmes victimes de violences conjugales, et qui s'émeut, ponctuellement, des coups mortels qui les anéantissent, dans leur propre foyer.
Une justice qui s'étonne de leur révolte contre les hommes, lorsqu'elles finissent, au terme d'un long parcours d'humiliations et de violences, par supprimer leur bourreau.
Une justice que leurs crimes fascinent, dérangent, interpellent, parce qu'ils sont exécutés de façon totalement spécifique, parce qu'ils sont, le plus souvent, placés sous le signe de l'intelligence ou de l'intuition par une littérature criminologique qui fait peu de place aux femmes délinquantes, parce qu'elles conservent, à la différence des hommes, une intimité émotionnelle, et adoptent des modes opératoires beaucou