Le Pitch
Présentation de l'éditeur
La prostitution étudiante à l'heure des nouvelles technologies de communication
Eva Clouet
Récemment, un syndicat étudiant estimait qu'aujourd'hui " 40 000 étudiant(e)s se prostituent en France ". La cause première en est la précarité croissante et la cherté de la vie étudiante. Cette étude, menée en 2006-2007, remplie de témoignages réels, est une description vivante de la nouveauté de cette forme de prostitution. Elle s'exerce discrètement, occasionnellement, indépendamment, à partir d'Internet, essentiellement par des jeunes femmes étudiantes qui se font appeler " escortes ".
L'enseignement de ce livre est double : d'une part, si la prostitution étudiante est d'abord liée à une situation économique précaire et des parents aux revenus modestes, elle peut être parfois vécue comme le moyen de s'émanciper d'une sexualité cadrée, d'une vie trop lisse ou encore de prendre une " revanche " sur le mythe du Prince charmant. D'autre part, cette prostitution diffère de la prostitution dite " traditionnelle " : sélection des clients, atmosphère " complice ", socialisation par les différences générationnelle et de classe sociale...
Reste que pour ces étudiantes, le " choix " de se prostituer reste tributaire d'une série de cassures sociales et représentatives, fréquemment liées au pouvoir de l'argent, à l'attrait de certains signes matériels de richesse, et également à une double domination : masculine et socio-économique.
Eva Clouet est actuellement étudiante en master 2 de Sociologie («Genre et Politiques Sociales») à l'université Toulouse II - Le Mirail.
Extrait
Extrait de l'introduction :
Les questions sexuelles sont plus que jamais d'actualité. Qu'il s'agisse des inégalités entre hommes et femmes, des discriminations à rencontre des minorités sexuelles, des politiques de filiation et de reproduction, de la pornographie ou encore de la prostitution, les questions sexuées et sexuelles - autrement dit les questions de genre et de sexualité - se croisent aujourd'hui pour apparaître comme des enjeux sociaux et politiques. Ces enjeux concernent les individus autant que l'État, et l'espace public aussi bien que la sphère privée.
À l'automne dernier, en période de précampagne électorale, le thème de la prostitution étudiante fait son apparition sur la scène publique. Les médias mettent la pratique prostitutionnelle des étudiants en lien avec des problématiques de précarité économique touchant une partie du public étudiant. Le 30 octobre 2006, Le Figaro titrait : «La prostitution gagne les bancs de la fac». Selon l'article, en France, les étudiantes seraient de plus en plus nombreuses à «vendre leurs charmes» pour payer leur loyer ou gagner leur argent de poche. En cause, l'indéniable paupérisation des étudiants. Cet article - au même titre que les autres sources sur le sujet - parle des étudiantes prostituées, sous-entendant que ce phénomène ne concernerait que les filles.
Dès le mois d'août, j'avais pris connaissance de cette information par le biais d'un tract du syndicat SUD-Étudiant, dans lequel ce collectif estimait que «40 000 étudiant(e)s se prostituaient en France». À l'époque, cette révélation m'avait interpellée, car je ne pouvais pas concevoir - au regard de l'image dégradée et stigmatisée que renvoie la prostituée dans l'imaginaire collectif - que la prostitution puisse être «une affaire d'étudiant(e)». Sensible à cette thématique - en 2005-2006, j'ai réalisé un travail de recherche sur la prostitution des femmes immigrées en Occident -, j'ai alors commencé à me renseigner sur la question afin d'éclairer cette donnée, tenter de mieux saisir la «nature» de cette prostitution et comprendre quelles pouvaient être les raisons de cette pratique au sein du monde étudiant. De là est né le thème central de mon mémoire de master.
Comme tout travail de recherche, j'ai dû ensuite traduire «cette préoccupation générale en un thème plus limité et trouver un groupe d'interconnaissance pour démarr