Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Quand 24 Heures Chrono rencontre Collision : un polar mené à 100 à l'heure dans un New York en pleine révolution...
Sam Briscoe, septuagénaire élégant aux faux airs d'inspecteur Harry, est le rédacteur en chef du New York World, l'un des tabloïds mythiques de la Grosse Pomme qui vit ses dernières heures : le compte à rebours est enclenché et dans très peu de temps, la version papier va disparaître au profit d'une version online. La fin d'une époque, au grand dam de Sam. Mais cette nuit-là, alors qu'il boucle son ultime édition, un fait divers d'une violence inouïe va bouleverser son chemin de fer. Et sa vie. Cynthia Harding, une mondaine très introduite dans les milieux de l'art et de la culture, est sauvagement assassinée. Il en faut beaucoup pour déstabiliser un vieux briscard comme Sam. Seulement, Cynthia, c'est la seule femme qu'il ait jamais aimée... Tandis qu'il traverse cette nuit et cette journée pas comme les autres, on suit des parcours croisés, lancés dans une course folle à travers New York, ville-héroïne du roman, peinte comme une sorte de Gotham City fantomatique.
Un roman vif, direct et efficace, à la structure journalistique, pour une étude sociale d'une puissance rare.
Tabloid City s'est vendu à plus de 40 000 exemplaires aux États-Unis.
Pete Hamill vit à New York. Il est écrivain, journaliste (notamment au New York Daily News), éditeur et scénariste. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres, dont plusieurs best-sellers.
Extrait
Minuit. Sam Briscoe, salle de rédaction du New York World, 100 West Street
Lui, c'est Briscoe. Soixante et onze ans. Un mètre quatre-vingts, quatre-vingt-dix kilos. Ici, c'est la salle de rédaction du dernier quotidien du soir de New York. Il en est le rédacteur en chef. On l'aperçoit qui se faufile dans un coin. Il a un pardessus en travers de l'épaule gauche et tient sa veste par le col. Les manches de chemise sont retroussées deux fois au-dessous des coudes, soigneusement. Noeud desserré, sa cravate pend, ajoutant deux traits d'un rouge profond aux bandes verticales de ses bretelles écarlates.
Il se déplace vivement, comme il en a depuis longtemps l'habitude. Peut-être pour échapper aux embuscades des journalistes ou des correcteurs susceptibles de venir quémander une augmentation, un jour de congé, une avance... Ou seulement s'informer, surtout en ce moment, des rumeurs de rachat et de licenciements. Sa coupe en brosse tourne au gris fer. Il a le visage fin et buriné, rasé de près. Les poches sombres sous ses yeux témoignent des longues années passées à travailler de nuit. Dans la vaste salle aux vingt-six bureaux, presque vide, quatre journalistes et trois relecteurs jettent un coup d'oeil épisodique aux quatre écrans de télé branchés sur New York 1, CNN, Fox et MSNBC. Un cinquième écran est éteint. Briscoe n'en regarde aucun. Il va droit vers un certain Matt Logan, assis au desk info géné, au centre de la longue pièce. Les autres bureaux sont collés les uns aux autres, formant une sorte de muret. Tous vides.
- On a la une ? demande Briscoe.
Logan sourit et passe une main dans son épaisse chevelure blanche. Par-dessus l'épaule de Briscoe, il lance un regard contemplatif vers la grande pièce. Briscoe pense : Nous vivons dans la capitale du néant. Logan a cinquante et un ans et, d'une certaine manière, ses cheveux drus et blancs le rajeunissent. Comme un diadème couronnant son visage glabre.
- Le gosse n'a pas fini son papier, fait Logan en désignant sa gauche. Tu devrais peut-être lui rappeler qu'on bosse pour un quotidien.
En entendant la réplique, l'une des plus vieilles du métier, Briscoe grommelle. Il se dit qu'elle est toujours d'actualité. Il regarde le gosse, Fonseca, qui plisse les yeux devant son écran d'ordinateur et ne voit plus rien d'autre que les gens qu'il a interviewés quelques heures plus tôt, très loin de la rédaction. Briscoe se penche à son tour par-dessus l'épaule de Logan, lève un oeil vers la grosse horloge vert