Le Pitch
Présentation de l'éditeur Lassé par la vie de bureau, un publicitaire parisien à la dérive trouve asile au fin fond d'une vallée post-industrielle des Vosges alsaciennes, peuplée de personnages pittoresques - depuis un curé de choc jusqu'au surnommé Fifty-Fifty, contrôleur SNCF et mystique du rail. Il y fait la connaissance de Suzy Fuchs, jeune femme très exaltée qui prétend diriger une armée de lutins et régner sur une forêt grouillante de fées et d'esprits. Initié au terrorisme écologique puis au paganisme érotique, Pierre Martineau deviendra-t-il le quatrième disciple d'un Ordre qui compte déjà dans ses rangs un écureuil et un simple d'esprit ? Dans la droite ligne du précédent roman de l'auteur (En attendant le roi du monde), une réflexion pleine d'humour et de profondeur sur le désenchantement du monde. Né en 1969, Olivier Maulin vit à Paris. Chez le même éditeur, il a fait paraître En attendant le roi du monde, premier roman très remarqué qui a obtenu le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs 2006. Extrait La vieille mère de Luther, avec son fichu blanc qui lui tombait en écharpe sur les seins, ses petits yeux et ses joues creuses, brandissait une hache et voulait m'envoyer en enfer, hic et nunc ! Je me débattais en hurlant, me sentant vraiment misérable d'être égorgé par cette truie ; et puis soudain, j'étais seul dans un champ de coquelicots, elle n'était plus qu'un immense et gras ricanement sur l'horizon et j'en appelais au pape, les mains jointes, inondant la terre de mes larmes. Il se retrouva alors très naturellement devant moi à me secouer comme un poirier. Il avait une petite casquette bleue à la con et un accent alsacien à faire peur aux petits Parisiens. - Kruth. Terminus. Après, c'est les montagnes. J'ai aspiré le filet de bave qui coulait de mes lèvres et j'ai toussoté. J'ai dit machinalement : - On est arrivé ? - Terminus. Après, c'est les montagnes. - Ah, d'accord. Merci monsieur. Je me suis levé, j'ai pris ma veste posée sur le siège à côté, mon petit sac dans le filet en haut, j'ai épousseté mon pantalon et je suis sorti du train en me frottant le visage et en clignant des yeux. Le contrôleur me précédait, il avait enlevé sa casquette et se grattait la tête. Sur le quai, il a tendu le doigt vers un petit talus recouvert d'herbe qui barrait la voie, juste devant la locomotive, deux gros rondins et un phare rouge au milieu : - Ici, c'est le terminus. Après, c'est fini. Y a que les montagnes. Le train va pas plus loin. C'est pas ce que je vous ai dit ? J'ai regardé le train. C'était une vieille micheline rouge, une locomotive et deux wagons. Il n'y avait personne sur le quai, à part le contrôleur et moi. Je me suis frotté le cou. - Il fait bon, j'ai dit, et en même temps j'ai écarté un peu les bras puis je me suis finalement étiré. - Bien sûr qu'il fait bon, a répondu le contrôleur. Il s'est éloigné en me saluant d'un signe de la tête. Il y avait du soleil et le ciel était bleu, il faisait doux en effet mais le fond de l'air était frais. Au loin dans le ciel, j'ai aperçu deux deltaplanes. J'ai pensé qu'à peine le soir tombé, on devait sacrement se les peler par ici. Je suis allé vers la petite gare située en milieu de quai. Elle venait d'être repeinte d'une couleur vive mais ressemblait quand même à une gare pourrie d'un film de Sergio Leone. En m'approchant, j'ai remarqué que les fenêtres et la porte étaient murées. J'ai suivi les traces du contrôleur qui avait contourné la maisonnette pour aller sur le parking, je l'ai vu ouvrir la porte d'une Renault 19, grimper dedans, ôter sa casquette, la balancer à l'arrière avant de se gratter la tête, démarrer sa voiture et filer vers les montagnes. Revue de presse Un publicitaire parisien perdu chez les paganistes des Vosges. Une fable hilarante d'Olivier Maulin... Pour imaginer une telle histoire, Olivier Maulin a dû un peu abuser des jeux de rôles ! Après l'odyssée lusitanienne d'En attendant le roi du monde, ce jeune écrivain signe u