Le Pitch
Présentation de l'éditeur
«J'ai toujours eu beaucoup d'empathie et d'admiration pour les migrants. Pour ces personnes qui ont fait le choix de partir de chez elles, de quitter leur famille, leur maison, leur pays, leur terre natale pour trouver quelque chose de meilleur ailleurs, dans cet Occident idéalisé depuis les pays en voie de développement, j'ai beaucoup de respect pour tous les gens qui ont quitté amis, famille, enfants pour venir, quelles que soient les raisons qui les aient poussés à partir.»
En janvier 2005, Clémence Armand entre à l'OFPRA, l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, qui attribue le droit d'asile en France.
Tous les jours, elle recevra deux ou trois demandeurs d'asile au cours d'un entretien fleuve qui lui permettra de répondre à cette question : «Entrent-ils dans les critères d'attribution du droit d'asile ?» A eux de lui prouver que c'est le cas. À elle de démêler le vrai du faux dans ces récits de vie toujours bouleversants, parfois à la limite du supportable.
Déchirée entre la règle de droit, ses convictions humanistes et des situations personnelles et familiales tragiques, c'est à elle de décider de leur destin.
Cadences imposées, formation bâclée, demandeurs déconsidérés... Rattrapée par les contraintes économiques et matérielles mais surtout politiques et juridiques, l'attribution du droit d'asile en France se révèle être une loterie géante.
Pour ne pas perdre son âme, Clémence Armand a démissionné. Aujourd'hui, avec ses convictions mais sans angélisme, elle témoigne.
A 29 ans. Clémence Armand est une figure du mouvement associatif aux convictions humanistes affirmées. Porte-parole de l'association Mix-Cité, mouvement mixte pour l'égalité des sexes, elle oeuvre par ailleurs aux programmes pour la jeunesse de la Mairie de Paris. Elle est devenue Officière de Protection au sein ne l'OFPRA en 2005 et a quitté l'institution un an plus tard.
Extrait
Extrait de l'introduction :
«Demandeur d'asile», «débouté», «sans-papiers», «rétention administrative»... «expulsion» !
Ces mots-là, tout le monde les entend depuis des décennies à longueur d'actualité, avec parfois des moments de crise et de mobilisation qui permettent, derrière les notions juridiques, d'entrevoir les situations humaines qu'ils recouvrent. Qu'il s'agisse des réfugiés de l'Église Saint-Bernard en 1996 ou des enfants scolarisés dont les parents n'ont pas de papiers, le problème est le même. Des femmes et des hommes, des étrangers qui ont parfois construit leur vie en France depuis des années devraient en être expulsés parce qu'ils ne remplissent pas les conditions administratives du séjour : leur statut ne leur donne pas le droit de vivre en France.
Parmi ces femmes, ces hommes, ces familles, certains ont demandé l'asile en France et ne l'ont pas obtenu. Ils ont donc été déboutés avec ordre de quitter le territoire national dans un certain délai, et s'ils ne l'ont pas fait, ils sont à présent «sans-papiers», sous la menace d'être placés en «rétention administrative» dans un centre fermé s'ils sont soumis à un contrôle d'identité, avant d'être «reconduits à la frontière», c'est-à-dire «expulsés» du pays après avoir été présentés à un juge.
La France est pourtant par excellence le pays de l'asile. L'article 120 de la Constitution de 1793 dispose, en écho aux principes d'ouverture et de tolérance de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : «Le peuple français donne l'asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté et il le refuse aux tyrans». Le Préambule de la Constitution de 1946, qui appartient aujourd'hui au même titre que la Déclaration de 1789 ou que la Constitution de 1958 aux règles fondamentales de notre République, déclare que «Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les Territoires de la République». L'article 53 de la Constitution de 1958 rappelle enfin que «les autorités de la République ont toujours le d