Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Adolescente rebelle à sa famille, Lucie participe aux mouvements estudiantins des années soixante-dix à Paris puis épouse Arthur, un Néerlandais avec qui elle construit un grand voilier. Son premier fils, Mikel, naît alors qu'elle a vingt-trois ans. Ils partent tous les trois sillonner les fleuves et les mers jusqu'à cet instant tragique où Mikel disparaît dans les flots au large des Açores.
La mort d'un enfant... Beaucoup de livres ont abordé ce thème, mais peu l'ont fait avec une telle intensité. Le choc anesthésie Lucie pendant des années. Il y a une vie avant la mort de Mikel et une vie après. Celle d'avant, d'une enfant élevée en Afrique, d'une jeune fille insoumise, puis d'une aventurière sur un grand voilier transocéanique, qui semble l'avoir conduite à cette tragédie. Celle d'après, où elle nous entraîne dans un voyage tout intérieur qui l'ouvre à l'invisible. Elle développe une spiritualité forte qui lui permet de se reconstruire. Au fil des pages, elle évoque avec clairvoyance et sincérité les étapes de cette reconstruction. Elle finit par se réconcilier avec son passé et retrouver la joie de vivre.
Ce livre montre qu'après un drame terrible, on peut reconquérir le bonheur. Il est destiné aux parents qui ont perdu un enfant et à tous ceux qui n'ont plus espoir ni confiance en la vie.
Lucie Hubert est née en 1955 à Libreville an Gabon, où elle passe une enfance nomade entre la grande forêt équatoriak et l'océan Atlantique. De retour en France, elle fait des études de lettres. Écrivain et homéopathe, elle partage aujourd'hui son existence entre Paris et la campagne. Après des années de séparation, elle a retrouvé le père de ses enfants, lueurs deux fuies vivent à Amsterdam.
Extrait
Déchirure
Nous levons l'ancre par un temps superbe.
Nous sommes vendredi et par la suite, je m'en suis voulu d'être partie ce jour-là. En Irlande, les pêcheurs nous avaient appris à ne pas partir un vendredi. Pure superstition sans doute. Mais à l'aube d'une entreprise aussi risquée que l'est une traversée océanique, on essaie de mettre toutes les chances de son côté. Nous n'aurions jamais dû partir ce vendredi 12 juillet.
La journée avait commencé très tôt. Je m'étais levée pour aller faire le marché. J'ai réveillé Mikel. A sept ans, c'est un petit garçon fort et pétillant de santé, un vrai marin. Il a toujours vécu sur l'eau, d'abord sur les canaux de Hollande et de France, puis en mer. Il a appris à nager avant de savoir marcher. A l'âge où les enfants vont en bande à l'école avec leurs lourds cartables pleins de livres, il sait changer un foc, prendre un ris ou pêcher le thon en mer. Il a vu des dizaines de ports, il parle trois langues. Je le sais équilibré et heureux, vivant jour et nuit avec son père et moi dans une intimité que connaissent peu d'enfants de son âge. Mais je le sens solitaire et je me fais du souci lorsque je surprends parfois une ombre de mélancolie sur son doux visage.
C'est pour cette raison qu'après des années de vie en mer nous avons décidé de rentrer à terre et de l'inscrire à l'école à Amsterdam. Là, il apprendra à vivre comme le font les autres garçons de son âge : il aura une maison, des camarades de classe, une vie rythmée par un emploi du temps et des activités sportives.
Cette traversée doit être son dernier grand voyage.
Nous étions arrivés à Horta aux Açores, une semaine avant. Nous venions de Sydney, un port de la Nouvelle-Ecosse, au Canada.
C'est notre dernier jour ici, le soir même, nous appareillons pour les Pays-Bas. Mon fils et moi allons faire les provisions pour ce voyage qui devrait durer une quinzaine de jours.
Du Dendelion, notre ketch de dix-sept mètres, j'enjambe l'espace qui me sépare de la terre ferme et, prenant d'une main le tricycle de Mikel, je lui tends l'autre main pour l'aider à sauter du pont sur le quai. Il la refuse et s'élance d'un bond sur l'asphalte. Je connais tellement bien cette indépendance têtue qui le caractérise.
Biogr