Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Roman indigné
Pendant littéraire de la collection Coup de gueule et engagement, la collection Roman indigné propose des textes engagés sous la forme de fictions.
Requiem pour un Ashkénaze
Sous forme romancée, l'auteur s'insurge contre la mort annoncée du judaïsme républicain, laïc et engagé, menacé tant par le communautarisme que par l'antisémitisme ou par le renoncement à l'identité juive.
Un texte prenant qui tisse l'histoire d'une vie du sortir de la guerre à nos jours, celle d'un journaliste «israélite» confronté aux soubresauts de notre temps et balloté entre des milieux contradictoires.
Un kaléidoscope identitaire pour toutes celles et ceux qui sont intéressés à un titre ou à un autre par le judaïsme, la laïcité ou tout simplement amateurs de romans historiques contemporains.
L'auteur
Colette Piat est l'auteur d'une quarantaine de romans, essais et biographies publiés chez Grasset (Le Père Joseph), Flammarion, Denoël (Lady Blood), aux Presses de la cité (Une robe noire accuse), au Rocher (Les Filles du Roi), Pion (La République des misogynes), Albin Michel (Les Amants de Tourlaville), Payot (Le Matelot des fleuves), Belfond (Adieu Moïse), etc.
Chez le même éditeur :
Pour en finir avec l'égalité des chances - Pour en finir avec les intermittents du spectacle -Pour en finir avec l'exception culturelle - Culture et religion - Pour en finir avec l'université - Pour en finir avec l'art poubelle - Pour en finir avec le rayonnement de la France - Pour en finir avec la langue de bois - Pour en finir avec les étrangers - Manifeste des désobéissants -Contre le mur - Be Happy ! - La voie étroite - Réflexions - Cultivez vos enfants Agir en fonctionnaire de l'État de façon éthique et responsable.
Extrait
Il s'appelait Isaac Bernheim ; né à Paris le 1er septembre 1936. Ses parents : Paul et Esther Bernheim. Naître ainsi à une date pareille était une imprudence. Un visa sinistre pour ces camps dont on parle encore et que l'on commence à oublier. Normal. Depuis, on a massacré tant de gens en tant de lieux que l'homme, ce boucher professionnel, oublie les morceaux de chair qu'il sème ponctuellement çà et là, pour recevoir le prix Nobel de la paix.
Isaac n'a pas été dans ces endroits maudits. Trop jeune ? Ce n'était pas une raison suffisante. En ce temps-là, on expédiait les enfants au maillot avec les grands dans les fameux wagons. Arrêtons d'en parler ; l'allusion est passéiste. Quelques éclaircissements cependant :
Le Docteur Paul Bernheim a fait le voyage et n'en est pas revenu. Ancien adjudant mobilisé près de la Ligne Maginot, il a connu après sa rapide démobilisation l'étoile jaune agrafée sur son pardessus. Arrêté avec son épouse, Esther, née Meyer, sans profession. Quelques jours plus tard, le couple, entassé avec d'autres au fond de l'un de ces trains si ponctuels, le regard inquiet - justifié - qui ne les a jamais quittés. Ce regard légué, hélas, à Isaac, en même temps que leur physique biblique. Oui, les infortunés avaient ce même physique qui était alors un passeport pour la mort, et demeure aujourd'hui un billet pour la haine ou pour une sympathie irraisonnée. Comme la négritude ou la «beuritude» (pourquoi pas ?). Les étrangers, enfin, venus d'ailleurs. Origine accablante bien que le trisaïeul soit arrivé d'Alsace avant la Révolution française, que ses ancêtres se soient fait tuer avec discipline chaque fois que l'Empire ou la République décidait d'entrer en guerre. Dans les uniformes qu'on leur donnait, l'un après l'autre étaient tombés au champ d'honneur, en compagnie de toutes ces têtes noires, beiges, bistres, frisées ou roses mourant en première ligne ; tout de suite ou après des mois dans la boue, détrempés, grignotés par les poux, achevés par une baïonnette ou les shrapnels.
Soyons objectifs : le soldat s'appelait Bloch, Martin ou Ben Saïd. Peu importe. Les généraux carnassiers et leur vieille amie, la Mort, font ramasser avec précaution les morceaux restants ; les déb