Contre toute attente, Silvio Berlusconi a réussi à conquérir le pouvoir en 1994 et à y revenir en 2001 après avoir été renversé une première fois au bout d'un an. Cette figure totalement atypique, que l'on verrait plutôt s'épanouir dans les ex-pays communistes ou en Amérique latine, a imprimé sa marque à la vie politique et à la société italiennes.Première fortune d'Italie, self made man enrichi à l'ombre de la Première République, il a commencé par faire main basse sur l'audiovisuel italien. En utilisant son réseau d'entreprises pour créer un parti politique d'un nouveau type et en s'alliant avec les exclus du système, il a réussi à former une coalition qui dirige le pays depuis cinq ans.L'Italie s'enfonce dans une crise économique et sociétale sans précédent mais Silvio Berlusconi, sauvé par des institutions qu'il n'a pas forgées, est toujours là. Il est parvenu à préserver son empire et son impunité, malgré la haine tenace que lui voue la magistrature. Promoteur d'un style de communication qui repose sur la vulgarité et la dépolitisation, aidé par la crise permanente de la gauche italienne et la lassitude d'une société vieillissante, il semble maintenant en fin de cycle. Que deviendra alors l'attelage qu'il a constitué depuis dix ans ? L'Italie reviendra-t-elle à la Première République faute d'avoir pu en inventer une Seconde ?Biographie de l'auteurHugues Portelli, cinquante-sept ans, est professeur de sciences politiques à l'université Paris II Panthéon-Assas. Il enseigne la politique comparée et le droit constitutionnel. Spécialiste de la vie politique et institutionnelle en Italie, il a dirigé le numéro de la revue Pouvoirs (Ed. du Seuil), paru sur ce sujet en 2004. Il est sénateur du Val d'Oise.