Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Quel chemin vas-tu prendre ? Le chemin des aiguilles ou le chemin des épingles ? L’éternelle histoire d’une fille à la croisée des chemins… Loin des versions édulcorées diffusées depuis Perrault, voici un petit chaperon rouge authentique et savoureux. Une édition inédite et raffinée, sublimée par les images mystérieuses de Régis Lejonc. Avec une préface de Bernadette Bricout.
Extrait
SUR LES TRACES DU PETIT CHAPERON ROUGE
Il y eut des contes avant Perrault qui ont su traverser les siècles, portés par la parole humaine, transmis de la bouche à l'oreille, façonnés par la voix et polis par l'usage. D'où viennent-ils ? De la nuit des temps. Qui les créa ? La bouche d'ombre. Sans doute sont-ils issus des peurs immémoriales. Pour apprivoiser le torrent, le volcan, l'orage, l'océan en furie, pour attendre le retour du soleil que la nuit engloutit, les hommes ont inventé des histoires. Elles ont circulé sur la terre, elles l'ont ensemencée, elles ont nourri la vie.
Il y eut des contes avant Perrault qui furent longtemps méprisés : «On appelle "contes au vieux loup" de vieilles fables dont on entretient les enfants et les vieilles gens. Des contes ridicules.» Ainsi parle le Dictionnaire de l'Académie, paru en 1694, trois ans avant la première édition des Contes de Perrault. Notre Petit Chaperon rouge, dont on a recueilli dans le monde au XIXe et au XXe siècle des centaines de versions, de la France à la Chine, est bien l'un de ces contes de bonnes femmes, contes à dormir debout, «contes de ma mère l'Oye», présentés comme tout juste bons à amuser les exclus de la vie active, les vieillards et les petits enfants.
C'est faire bien peu de cas de ces récits. Ils furent et ils demeurent, ne nous y trompons pas, une récréation, une école de vie, une morale, une mémoire, une sagesse. Mais il y a en eux une liberté, une force de subversion que l'on oublie souvent. Ainsi, qui se souvient que l'héroïne des versions populaires du Petit Chaperon rouge mange la chair et boit le sang de sa grand-mère, se livre à un véritable strip-tease devant le loup avant de découvrir le corps de celui-ci dans son étrangeté troublante et se libère in extremis grâce à une ruse scatologique ? De ce récit dans lequel on ne voit souvent qu'un conte d'avertissement sur les dangers de la désobéissance, Charles Perrault a exclu les motifs qu'il jugeait trop hardis, ceux qui auraient choqué la société de son époque. Les contes oraux d'avant Perrault avaient cependant une saveur, une verdeur, une couleur que Jean-Jacques Fdida dans cette version nouvelle et pourtant très ancienne s'est attaché à restituer. Sa grande connaissance des sources populaires autant que sa pratique de conteur ont nourri cette adaptation, dont les motifs, les rythmes, les rimes, les formulettes sont liés à une conception exigeante de fidélité à la tradition orale.
Revue de presse
Jean-Jacques Fdida, le passionné, débarrasse le conte des sempiternelles niaiseries douceâtres, le réinvente, lui insuffle de la liberté...
De l'ombre à la lumière, de l'angoisse à la beauté, les dessins imposent un rythme, éclairent l'intrigue, explorent un monde audacieux, rare en littérature jeunesse, celui de la sensualité qui s'éveille. (Martine Laval - Télérama du 6 octobre 2010)
Biographie de l'auteur
Jean-Jacques Fdida a grandi à Paris dans le quartier de Belleville, au carrefour de différentes langues, couleurs, et traditions du monde. Depuis, son goût des différences et des mélanges n’a jamais cessé de nourrir son travail de création. Auteur, musicien (jouant saxophone, santour et qanun), conteur et metteur en scène depuis une vingtaine d’années, son écriture se partage entre œuvres dramatiques et recueils de contes. Lauréat d’une bourse Villa Médicis hors les murs en 2006 pour un travail de collecte sur les contes de source biblique, il engage un travail de fond dans la recherche talmudique.
Il dirige la collection Contes du Temps d’avant