Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Enfin le livre de Venise ! La cité du romantisme racontée par le dernier des romantiques. Une Venise comme vous ne l'avez jamais vue, pleine de folies masquées, de personnages dévoilés et de passions mises à nu. La plume trempée dans l'encre du canal, Gonzague Saint Bris dit l'histoire de la Sérénissime à travers une suite de chapitres, chacun conçu comme un roman. Cette cité des Doges, où les pigeons vont à pied et où les lions ont des ailes, voilà plus de vingt ans qu'il la parcourt, lui qui fut nommé en 1980, par Gaston Palewski, président des Amis de la Sauvegarde. Venise appartient à tous et chacun possède " sa " Venise. Celle qui est proposée ici en une vision polyphonique est tout à la fois une histoire, une balade et un carnet de voyage. A travers le prisme de la chronologie historique, les anecdotes savoureuses et les portraits saisissants, on va de la Dogaresse amoureuse à la Duse, l'amante éperdue de D'Annunzio, de Marco Polo à Paul Morand, d'Henri III au prince Eugène, du Primatice à Léopold Robert, de Casanova à Diaghilev. Ce livre rare par la cadence du style et la beauté des images rassemble une série de petits romans étincelants. Il raconte comment le lieu le plus inhospitalier du monde est devenu le miroir du monde, comment la capitale du Baroque est devenue celle du Romantisme, ou comment la diplomatie des plaisirs, chère à Casanova et à Bernis, s'est muée, à la Belle Époque, en une plante vénéneuse, dans laquelle, de Marcel Proust à Thomas Mann, certains se sont voluptueusement perdus. De Carlo Goldoni à Richard Wagner, en passant par George Gordon Byron, Alfred de Musset, George Sand, John Ruskin et François Mitterrand, Venise, cent fois recommencée, fascine le monde depuis plus de dix siècles. Son destin se reflète dans l'eau porteuse de mémoire, tandis qu'on se demande si cette mer qui l'a créée ne la détruira pas un jour...
Extrait
Extrait du prologue :
La cité carnaval
Toutes ces barques, toutes ces lumières qui se réfléchissent dans l'eau sont d'un effet magique.
George Sand
À la fenêtre du Palais Gary, face au miroitement des eaux, le consul de France à Venise me faisait part de son enthousiasme matinal : «Cette ville embellit davantage chaque année. Oui, Venise embellit et sourit, derrière son éventail de lumière et de tulle, à tous ceux qui parlent de sa mort en ignorant que les siècles s'useront encore longtemps sur cette cité sans ruine au visage tonifié tour à tour par le soleil et la brume.» Nous étions au mois de février 1990 et, pour la première fois, le carnaval, interdit par Bonaparte deux cents ans plus tôt, allait ressusciter et retrouver ses masques. Il faisait beau; la lumière dorée rebondissait sur l'eau bleu argenté de cet hiver. Venise venait de retrouver une extraordinaire jeunesse, avec cette fête inouïe d'adolescence et de gaieté, d'ingéniosité artistique et de plaisir fou, d'étonnements et de surprises, par lesquels ce furent, du jeudi gras au mardi gras, des jours de fantaisie et des nuits d'ivresse divine. Jamais, je n'avais tant dansé, tant ri, tant été pris par l'onirisme d'une fête absolue, tour à tour splendide, éblouissante et merveilleuse, avec l'innocence des participants et la magie de leurs travestissements, comme un don prodigieux de la diva d'eau et de pierre, retrouvé après deux siècles de sommeil.
Pour cette reprise de ce qui n'était pas seulement une tradition parmi d'autres, mais «la» tradition vénitienne, j'étais venu avec Jacques-Henri Lartigue fixer les délires et immobiliser la folie, tenter en un mot de capturer par le sel du texte et la poudre de la photographie des instants magiques. Et, en effet, il était émouvant de voir s'animer devant nous ces images éternelles de Venise où, du fond de la couleur, éclatait le nom même de plaisir. J'en suis revenu, séduit par la modernité du passé, l'audace déguisée du futur, la nostalgie énergique d'un présent qui se débarrassait enfin de ses déguisements pour s'adonne