Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Une anthologie de perles authentiques à offrir, à s'offrir et, surtout, à partager ! " Je refuse de signé une note aussi mauvaise. Thomas ma dit qui devrait avoir la moyenne. Merci de bien vouloir corrigée la note pour que je la signe." " Je m'escuse pour le retard a Tony, mais on a fait la fête hier avec la victoire de l'OM. Vous qui aimé le foot vous devez comprendre. Sur ce bon courage pour se matin. Moi je retourne me couché. " " Nous somme partie en wik–kem " Version illustrée par Nathalie Jomard
Extrait
Extrait de l'avant-propos
Plus de vingt rentrées scolaires en primaire devant d'«adorables petits». Des blonds, des bruns, des Blancs, des Noirs, des bleus (souvent à la fin de la récré). Des amorphes (rarement), des 100 000 volts (souvent). Des «fils de». Des «fils de ?». Des futurs pompiers ou footballeurs professionnels. Des futures maîtresses. Des Gavroche et des poupées Barbie. Des pleureurs, des rieurs, des qui boudent, des qui «j'vais l'dire à mon père». Des qui sprintent et qui tapent, des qui collent aux basques de la maîtresse. Des bébés-dragueurs, des griffeuses, des mordeuses. Des gros, des p'tits, des p'tits gros. Des Einstein et des cerveaux lents. Des double Dalton (huit dans l'école). Des renifleurs et des «morve au nez», parfois les deux. Des lacets défaits et des braguettes ouvertes. Des Chevignon et des Kiabi. Des sandales en hiver et des diamants véritables à l'oreille. De multiples «P...» ou «fait ch...» pour un seul «fichtre !» Des chouchous à sa maman et des orphelins d'amour, etc.
Plus de vingt années passées à écumer des écoles de banlieue parisienne et de province. Des chic et des chocs. Avec des parents bobos, d'autres gauchos et d'autres fachos. Quelques anarchos, un ou deux nobliaux. Parfois rigolos... mais souvent involontairement. Des Gaulois, des Sarrasins. Des vraies têtes, des faux-culs. Des pères verts (pervers ?) de rage, à I'âme blanche comme un corbeau. Des mères belles de loin, des mères loin d'être belles. Des sportifs et des gras du bide Des costume-cravate et des sweat-casquette. Du Chanel n° 5 et de l'eau de Cologne. Des 4x4, des scooters et un vélo à rétropédalage avec porte-bagages avant pour transporter la petite. Des NAPeurs et des rappeurs. Des artistes, des RMistes, des quartmondistes. Des râleurs, des cogneurs, des phraseurs. Des «écoutez-moi», des «je vous écoute». Des très classe et des pétasses. Des imparfaits du subjonctif, des imparfaits tout court. Des politicards, des tricards, des smicards. Des rentiers à dentiers, des prolos à polos, etc.
Prenez l'ensemble, ajoutez-y un sachet de stress naturel, deux zestes de rancoeur accumulée après une scolarité chaotique, trois gouttes d'appréhension et un soupçon de sadisme ou de jalousie anti-enseignant. Secouez bien en annonçant une ou deux réformes polémiques. Pour pimenter le tout, vous versez au dernier moment une cuiller de professeur syndicaliste. Vous obtenez un délicieux cocktail lors des réunions de début d'année. Ce savant dosage est à consommer avec modération et à déguster lentement car il est rare : l'Éducation nationale, par peur de la gueule de bois sans doute, a horreur des mélanges.
Et forcément donc vingt ans de correspondance. Sur une feuille A4 (banal), sur le carnet prévu à cet effet (courant), sur une feuille du cahier de textes déchirée (à la partie du mercredi, celle que l'on n'utilise pas), sur une carte de visite, le carnet de brouillon, un papier à en-tête ou au dos du livret de compétences. Au stylo plume bleu (Montblanc), au Bic rouge, au feutre violet baveur ou au crayon à papier. Avec des majuscules en imprimerie ou en délié. Des écritures de médecin ou d'élève de CP appliqué. Des phrases qui font des montagnes russes. Sur des papiers percés (plume + énervement), tachés (encre, huile, chocolat), détrempés (région pluvieuse + long parcours à pied), froissés (hésitation : je jette ? j'envoie ?) ou décorés (libre expression artistique du petit dernier).
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