Présentation de l'éditeur Haute-Provence, 1890. Anna, jeune amandière, se croyait promise à Martin, héritier d'un riche producteur de fruits confits. Mais celui-ci épouse une fille de notables. Seule sa passion pour les amandiers donne désormais un sens à la vie d'Anna. Lorsqu'elle rencontre Armand, pâtissier amoureux des traditions provençales, la jeune femme réalise son rêve en créant le meilleur des nougats. Bientôt, leur mariage et leur confiserie prospèrent. Et alors que l'ombre de la Grande Guerre se profile, une lettre de Martin vient bouleverser l'heureux équilibre d'Anna... " Une héroïne attachante. Des sentiments très forts pour cette saga provençale. " L'Est éclair / Libération Champagne Extrait 1890 L'aube n'avait pas encore chassé toutes les ombres de la nuit. Des pans de voiles mauves s'accrochaient aux cimes des sapins et des chênes blancs, grimpant à l'assaut des croupes montagneuses. Chaque matin, en poussant les volets de la salle, Anna se tordait le cou en tous sens afin d'apercevoir le champ d'amandiers situé en contrebas du mas. «Pourvu que...» murmurait-elle, sans oser terminer sa phrase. Brune, sa marraine, qui s'affairait déjà devant le potager accolé à la cheminée, se retournait vers elle. «Eh bien, petite ?» Et Anna, le coeur soudain plus léger, répondait gaiement : «Encore une nuit et un jour de gagnés !» De tout temps, la floraison prématurée des amandiers avait posé problème. Déjà, au XVIIIe siècle, on se demandait si l'on ne pourrait pas suspendre l'éclosion des fleurs de cet arbre trop précoce. On suggérait aussi de faire pousser l'amandier en buisson mais, dans ce cas, il ne donnerait pas de fruits. Ce matin-là, Brune secoua la tête. - A quoi bon te ronger les sangs, petite ? Tu n'as pas le pouvoir de diriger le temps qu'il fait. - C'est bien ce qui la désole ! intervint Aimé, le maître de maison, en tranchant le pain. A quarante-cinq ans bien sonnés, il était encore bel homme, avec sa haute taille, ses cheveux drus à peine grisonnants et son sourire teinté d'ironie. Réputé pour son esprit caustique, il était recherché dans les veillées car sa voix de basse faisait frissonner les dames. Lui, pourtant, paraissait n'y accorder aucune importance. Depuis la mort de son épouse d'une fièvre puerpérale qui l'avait emportée à peine dix jours après la naissance d'Anna, il demeurait indifférent aux autres femmes. Celles-ci avaient eu beau multiplier les avances, comme la veuve Bailly, qui avait une rente conséquente, ou la soeur de l'apothicaire, Aimé Donat les avait toutes ignorées. Biographie de l'auteur Née à Mézières, dans les Ardennes, Françoise Bourdon a enseigné le droit et l'économie pendant dix-sept ans avant de se vouer à sa passion pour l'écriture. Elle a publié de nombreux romans, dont La Forge au Loup (2001) – écrit en mémoire de son grand-père, engagé volontaire en 1915 – Le Vent de l'aube (2006), Les Chemins de garance (2007), La Figuière en héritage (2008), La Nuit de l'amandier (2009), La Combe aux Oliviers (2010), et Les Bateliers du Rhône (2012), tous édités aux Presses de la Cité. Plus récemment a paru La Maison du Cap (2016) chez le même éditeur.