Le Pitch
Présentation de l'éditeur Venise, festival du film publicitaire. Pour la troisième fois consécutive, Frédéric Moure vient présenter son dernier né, appelé à triompher. C'est compter sans l'outsider, programmé le lendemain : 88, par un certain Steiner... Sur l'écran, mille visages s'échappent d'un vase brisé. Ce vase, Frédéric l'a acheté en Grèce avec sa femme. Et ce visage, c'est celui qu'il contemple chaque matin dans la glace. Canular, complot, pure folie ? L'affreuse prémonition vire à l'obsession... Et si tout était là, écrit d'avance, sur l'écran ?Édition revue et corrigée par l'auteur Extrait Je m'appelle Gabriel Vernet et je travaille comme scénariste chez Publica : une jeune boîte de publicité. Mon ami Frédéric Moure l'a créée et la dirige depuis quatre ans. Nous avons le même âge, celui, dit-on, des dents longues ; une même passion du métier, une façon semblable de voir les choses : sérieusement, c'est-à-dire en essayant de ne pas les prendre trop au sérieux. Je n'y suis pour rien si Frédéric m'a surnommé «Gagman». Mes meilleurs gags, je les trouve lorsque ça ne va pas : une sorte de pied de nez à la vie. On dit de sa vie qu'on la construit, la conduit, la façonne, l'enrichit, la ruine. On prononce sans y penser des phrases telles que : «Il a pris sa vie en main», ou bien : «Il a brûlé sa vie.» Et pourtant... Tout a commencé à Venise, en juin dernier, lors du festival du film publicitaire. Publica avait, les deux années précédentes, remporté la coupe. Ce trois juin-là, Frédéric présentait au palais du Festival notre dernier-né : Le Propre de l'homme. Il entra dans la salle, fit signe à l'ouvreuse qu'il n'avait pas besoin de ses services, resta debout derrière les derniers rangs. Le public bruissait : journalistes, producteurs, cinéastes, curieux, étudiants. Après le grand soleil, la mer sans limite et les effluves de printemps, cette salle fermée emplie de gens vêtus faisait l'effet d'une prison de luxe. L'estrade avait été transformée en jardin : bosquets, arbres nains, fleurs éclatantes. Chaque matin, on balayait les pétales et coupait quelques têtes. Chaque jour, l'odeur changeait d'un ton : à la fraîcheur se mêlait le douceâtre. Mais cela tiendrait jusqu'au bout : après-demain, le palmarès. Normalement, c'est au balcon, avec le jury, que Frédéric aurait dû se trouver. Ce n'était pas l'appréhension qui l'avait fait choisir de rester au fond de la salle ; il voulait tenir son public sous ses yeux, ne rien perdre des sifflets ou des applaudissements. Biographie de l'auteur Dès l'âge de 20 ans, Janine Boissard commence sa carrière d'écrivain sous le nom de Janine Oriano, son nom d'épouse. Avec B comme Baptiste, elle est la première Française à publier dans la collection " Série Noire ". En 1977, la grande saga L'Esprit de famille, publiée cette fois sous son nom de jeune fille, la fait connaître du grand public. Parallèlement, elle écrit pour la télévision. Les chambardements dans la famille, les problèmes de couple et la place de la femme moderne dans le monde du travail sont les thèmes le plus souvent abordés par Janine Boissard dans ses romans. Parmi ses plus grands succès, on retiendra la saga de Belle-Grand-Mère ainsi que Une femme en blanc (Robert Laffont, 1996), suivis de Marie‑Tempête (Robert Laffont, 1998). Mère de quatre enfants, Janine Boissard a publié une quarantaine de romans, notamment, parmi les plus récents, Belle Arrière-Grand-Mère (Fayard, 2014), Au plaisir d'aimer (Flammarion, 2015), Une femme : le roman d'une vie (Flammarion, 2016), Voulez‑vous partager ma maison ? (Fayard, 2016), La Lanterne des morts (Fayard, 2017) et Dis, t'en souviendras-tu ? (Plon, 2018). Son dernier ouvrage, Les Quatre Filles du docteur Moreau, a paru chez Fayard en 2018.