Le Pitch
Présentation de l'éditeur
Pourquoi la poésie ? Parce que, sans elle, il n'est pas possible de respirer ! Parce que, sans elle, nous ne vivons pas vraiment. Parce qu'elle seule " doue notre séjour d'authenticité " comme disait si justement Mallarmé. Contrairement à la fable qui fait d'elle un rapport accessoire, joli, voire mièvre à l'existence, elle avance héroïque dans la vérité la plus poignante. Orphée n'est pas pour rien la source occidentale de la poésie. Mû par un amour intense, il traverse les enfers pour donner au monde une réelle harmonie. Et c'est pourquoi même les bêtes féroces viennent l'écouter. En garder mémoire aujourd'hui, c'est rester véritablement humain. Dans cet essai engagé, parfois brûlant, Fabrice Midal bouleverse les idées reçues et montre, de manière toute simple, comment entendre et lire un poème.Édition revue et corrigée par l'auteur@ Disponible chez 12-21 L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE
Extrait
Extrait de l'introduction
«Les gens devraient aimer la poésie comme un enfant aime la neige.»
Wallace Stevens
La parole poétique, et elle seule, ne sait pas. Elle ne cherche pas cette assurance que les hommes ont pris l'habitude de toujours vouloir et qui les conduit à se livrer pieds et mains liés à des discours qui le leur font croire. Des discours qui se succèdent à d'autres discours. Des discours qui donnent le sentiment que tout s'explique ou pourrait s'expliquer. Qui donnent de l'assurance. Qui aveuglent. Des discours affairés qui occupent. Paroles d'«expert» et de professionnels.
La parole poétique ignore la «communication», l'impératif de transmettre des informations et de produire du sens. Elle ne cherche pas à être habile. Comme l'écrivit John Butler Yeats (1839-1922) : «Nous sommes portés à imiter ce que nous comprenons le moins [...] Ce que nous comprenons, nous le comprenons. Nous imitons l'impénétrable...»
Le poète tente en effet de retrouver cet état où les mots ne servent pas, n'ont pas d'usage, mais où chacun d'eux rayonne et fait signe. Alors il dit la vérité. Il est le seul. Ou presque.
Aussi rien n'est moins poétique que la poésie et, comme le souligne Paul Éluard (1895-1952) : «Rien de plus affreux que le langage poétisé, que des mots trop jolis gracieusement liés à d'autres perles. La poésie véritable s'accommode de nudités crues, de planches qui ne sont pas de salut, de larmes qui ne sont pas irisées. Elle sait qu'il y a des déserts de sable et des déserts de boue, des parquets cirés, des chevelures décoiffées, des mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables, des idiots superbes, toutes les sortes de chiens, des balais, des fleurs dans l'herbe, des fleurs sur les tombes.» La poésie est l'épreuve de pointe de la vie humaine, dans le sursaut d'une parole enfin conduite à son chant. Une parole qui permette de respirer. De se tenir droit. Qui cesse de rêvasser.
Garder la parole vivante est une épreuve fulgurante. En effet, touchez le rayon de la poésie et le voilà qui s'évanouit : «Dès qu'elle se prétend poésie, souligne Jacques Audiberti (1899-1965), dès qu'elle se fatigue à se démontrer, la poésie doute, elle est perdue.» Il n'est possible que d'apprendre à s'exposer à ce rayon unique. À s'en remettre à lui. Le poète est l'homme de l'avant-poste. Celui qui est «en avant». Celui qui est risqué par la poésie.
Sa parole seule ne prouve rien, ne convainc pas et ne cherche pas à convaincre. Elle est sans argument.
Biographie de l'auteur
Fabrice Midal est l'un des principaux enseignants de la méditation en France. Il est l'auteur de très nombreux livres dont
Pourquoi la poésie ? (Pocket, 2010),
Comprendre l'art moderne (Pocket, 2010),
Comment la philosophie peut nous sauver (Pocket, 2016),
Foutez-vous la paix ! (Flammarion, 2017) et
Sauvez votre peau ! Devenez narcissique (Flammarion, 2018) qui construisent une oeuvre singulière. Fondateur de l'École occidentale de méditation, Fabrice Midal dirige aussi des journées d'introduction à la méditation, qui